Le gouvernement vient de fixer la nouvelle liste de métiers ouverts aux étrangers non-ressortissants de l'Union européenne. Cette liste de métiers dits « en tension » est réduite de moitié : ce ne sont plus trente mais quatorze professions qui peuvent désormais permettre d'obtenir des visas. Les métiers du bâtiment et de l'informatique (sauf les fonctions d'expert) sont les principaux secteurs visés par cette réduction.

Si les syndicats et le Parti socialiste dénoncent à juste titre une opération politicienne, ce qui est notable est la réserve affichée par le Medef. La porte-parole des patrons, Laurence Parisot, a d'ailleurs su rappeler froidement au gouvernement, comme on le fait à son élève, que cette mesure n'est pas « le coeur du sujet » actuellement.

Empressés qu'ils sont de multiplier les gestes à l'égard de l'électorat de droite et d'extrême droite, Sarkozy et Guéant se sont peut-être pris les pieds dans le tapis et en ont fait plus que ne leur demande le patronat. Celui-ci a en effet besoin d'une main-d'oeuvre bon marché, corvéable à merci et sur laquelle il peut compter rapidement.

Mais le grand patronat n'est pas vraiment inquiet quant à la défense de ses intérêts par le gouvernement Sarkozy. Concernant cette liste des métiers ouverts aux étrangers, comme le déclare dans L'Usine Nouvelle un connaisseur, le président de la Fédération française du bâtiment : « En cas de reprise, il sera toujours temps de faire preuve de réactivité et de changer ce texte ». En attendant, ce sera autant de travailleurs à qui on aura refusé l'embauche, quitte peut-être à devoir travailler au noir.