Deux gendarmes et un policier de Mayotte ont été mis en examen le 27 juillet, suspectés d'avoir participé à un trafic de drogue ayant entraîné la mort d'une jeune fille. Or, le 3 août, intervenant suite à une demande du procureur de Mayotte, le procureur général de la Cour d'appel de Saint-Denis-de-la-Réunion a demandé que l'instruction de l'affaire soit délocalisée à la Réunion.

« On ne peut pas juger quelqu'un que l'on connaît, il faut du recul », a-t-il déclaré. Comme si, dans les autres départements français, police, gendarmerie et justice ne travaillaient pas ensemble ! En fait, selon des révélations du Parisien, il semblerait que le procureur de Mayotte ait été sensible aux pressions du chef suprême des gendarmes opérant outre-mer qui, dans des messages adressés au magistrat, lui demandait de surseoir à la convocation des gendarmes afin, disait-il, de ne pas nuire « à l'image de la justice ». Les convocations ayant déjà été envoyées, suivies d'une mise en examen, le procureur de Mayotte a alors répliqué en demandant le dépaysement de l'affaire.

L'enquête aura donc lieu à 2 000 kilomètres de Mayotte, excluant de ce fait la famille de la victime qui, faute de moyens financiers, ne pourra se rendre sur place.

Mayotte est devenue département français depuis cinq mois. Mais les moeurs coloniales y ont toujours cours et la justice y est plus sensible aux arguments des autorités qu'à la cause des petites gens.