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Dans le monde
Israël : La mobilisation continue
Samedi 13 août, la mobilisation des « indignés » israéliens s'est poursuivie. « Les périphéries d'Israël, les classes populaires israéliennes ont démontré qu'elles faisaient aussi partie du mouvement de protestation contre le coût de la vie », rapporte le quotidien israélien Haaretz. Après leurs manifestations à Tel-Aviv, les militants de la « justice sociale » étaient satisfaits d'avoir attiré des dizaines des milliers de manifestants à Beer Sheva, Modiin et Afula. À Haïfa, ville où il existe une forte tradition du mouvement ouvrier, 25 000 personnes se sont rassemblées en centre-ville.
Depuis plus d'un mois, de nombreux jeunes Israéliens, travailleurs, précaires, descendent dans les rues. La « révolte des tentes » a commencé en juillet, quand Daphni Leef, une jeune femme de 25 ans, a appris que le loyer de son logement de Tel-Aviv allait être révisé à la hausse et a décidé d'installer une tente sur le boulevard Rothschild afin de protester contre le niveau des loyers, faisant connaître son initiative par Internet. Celle-ci a alors fait très vite tache d'huile, avec des campements dans une quarantaine de localités et des manifestations de plus en plus importantes chaque samedi.
Il est vrai que les prix de l'immobilier ont bondi de 35 % entre 2007 et 2010, et de 15,3 % sur la seule période mai 2010-mai 2011. En un an, les prix ont grimpé de 32 % à Tel-Aviv (64 % depuis 2008) et de 17 % à Jérusalem. Les sommes consacrées par les foyers à leur logement peuvent facilement atteindre 50 % de leurs revenus.
Les contestataires qui dénoncent la flambée des prix pointent aussi du doigt l'explosion des inégalités : un Israélien sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, alors même qu'« en Israël, une dizaine de familles détiennent le tiers de l'économie du pays », leur fortune étant estimée entre 1 et 6 milliards de dollars (jusqu'à 4 milliards d'euros).
On peut se réjouir de voir la population israélienne lutter pour ses revendications sociales, brisant l'union sacrée qui prévaut le plus souvent dans un État qui se considère comme une forteresse assiégée. Israël n'est pas une bulle en dehors de la société capitaliste et la société, comme partout ailleurs, est divisée en classes, entre une minorité de riches et une majorité pauvre.
De ce point de vue, la population juive israélienne devrait se sentir plus proche des Arabes israéliens et des Palestiniens que de la minorité qui dirige le pays et l'économie. Par-delà les divisions nationales et religieuses, ils partagent les mêmes intérêts, y compris celui de devoir subir une situation de guerre sans issue et dont tous payent le prix, économiquement et humainement.