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Leur société
Surpopulation carcérale : Le résultat de la démagogie sécuritaire
Fin juillet, le procureur de la République de Dunkerque avait annoncé qu'il n'emprisonnerait que les délinquants présentant un danger pour la population, justifiant sa décision par la surpopulation carcérale. Aussitôt, le ministre de la Justice lui avait demandé d'annuler ses directives de report d'incarcération, tout en sachant évidemment que la réalité était celle décrite par le procureur et confirmée par un rapport de l'Observatoire international des prisons.
Au 1er juillet, 73 320 personnes étaient en prison, un chiffre en hausse de 6,8 % depuis l'an dernier. Ce n'est pas la progression de la délinquance qui explique ce nombre, mais l'augmentation des incarcérations, notamment pour des peines courtes de moins de trois ans. En effet les juges sanctionnent de plus en plus lourdement, sous la pression de la démagogie sécuritaire du gouvernement, bien plus réactif sur ce sujet que sur le chômage ou les bas salaires ! La conséquence en est qu'au 1er juillet 2011 il y a plus de 11 000 détenus en surnombre. Dans certaines prisons, la surpopulation carcérale est de deux détenus pour une place.
Comme le dénonce ce rapport, « à trois par cellule, 22 heures sur 24, il est évident que la situation dégénère. Le personnel pénitentiaire est débordé. » Plusieurs syndicats du personnel pénitentiaire ont dénoncé cette situation et rapporté l'inquiétude des gardiens de prison. Et les condamnations de l'État par les tribunaux administratifs pour des « conditions de détention n'assurant pas le respect de la dignité inhérente à la personne humaine » continuent.
Du coup les suicides sont élevés, en moyenne un mort tous les trois jours, notamment chez les prévenus, ceux qui n'ont pas encore été jugés. Il faut rappeler que près d'un tiers des prisonniers sont en attente d'un jugement, qui les innocentera peut-être. Tout cela contribue à accroître les tensions, non seulement avec les gardiens mais aussi entre prisonniers.
La démagogie sécuritaire de Sarkozy fait exploser le nombre de prisonniers et, du même coup, la rancoeur de ceux qui vivent de telles conditions.