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- Lutte ouvrière n°2244
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Editorial
Le cancer de la société, c'est le capitalisme
Les chiffres officiels concernant le chômage sont tombés. Même trafiqués comme toujours, ils montrent que, loin de régresser comme le gouvernement le prétendait, le nombre de chômeurs a augmenté de 4 % en un an, atteignant 4 103 000 inscrits à Pôle emploi. Toutes les générations et toutes les catégories sont touchées. S'ajoute à cela l'augmentation de 7,9 % de l'emploi intérimaire, et celle de près de 15 % des emplois temporaires.
Il y a quelques semaines, le ministre Laurent Wauquiez avait présenté les allocataires en fin de droit comme des « assistés », qualifiant ce qu'il appelait les « dérives de l'assistanat », de « cancer de la société ». Mais les chômeurs ne sont pas des assistés. Ils n'ont pas choisi la situation dans laquelle ils se trouvent. Elle leur a été imposée. Ils veulent au contraire un vrai travail, un salaire qui permette de vivre. Alors plutôt que de s'en prendre aux chômeurs, comme le font Wauquiez et ses acolytes, c'est contre les capitalistes et les banquiers, responsables de la crise, qu'il faudrait se retourner.
Ce qui ruine la société, ce ne sont pas les quelques centaines d'euros d'allocations que touche un chômeur. Et si cancer il y a, c'est la soif de profits de ceux qui possèdent toutes les richesses et en veulent toujours plus. Pour eux, les travailleurs, les gens du peuple, sont des exploités qu'il faut payer le moins possible et jeter à la rue si cela permet de baisser les coûts salariaux.
Quelques faits récents annoncent l'avenir qu'ils veulent nous imposer. Il y a quelques semaines, la CGT de PSA-Citroën rendait publics des documents que la direction ne voulait pas révéler, dans lesquels il était prévu, pour 2013, de fermer des usines du groupe, deux en France et une en Espagne. Voilà comment les patrons d'un groupe capitaliste puissant essaient de fabriquer, en silence, des chômeurs pour demain et des assistés en puissance pour après-demain.
Tout récemment encore, la direction de la Fonderie Alu d'Ingrandes près de Châtellerault, une usine du groupe français Montupet, a fait un chantage à ses salariés : ou bien ils acceptent un nouveau contrat de travail et des pertes salariales pouvant atteindre 300, 400 euros par mois, voire plus, pour des salaires de 1 500 euros après quelque 25 ou 30 ans d'ancienneté ; ou bien ils peuvent se retrouver à la rue en cas de refus. De telles attaques sont inacceptables mais elles sont fréquentes. Et il faut tout faire pour que les travailleurs contraignent les patrons à reculer.
Les travailleurs ont un autre choix que d'accepter une politique conduisant à fabriquer des travailleurs pauvres et des chômeurs, une politique qui ruine la société et sème la misère pour la majorité de la population alors qu'une minorité jongle avec les milliards.
Là où ils sont attaqués, les travailleurs auront à se défendre en menant des luttes au coup par coup pour faire reculer leur patron sur les attaques qu'ils subissent. Mais le monde du travail a des ressources plus grandes encore. Parce qu'il représente une force collective considérable, parce qu'il fait tourner l'économie et fonctionner toute la société, il peut utiliser sa position pour imposer des mesures vitales pour l'immense majorité des classes populaires et, en fait, pour la société toute entière.
Il faut juguler la baisse du pouvoir d'achat et pour cela imposer que les salaires, les retraites, les pensions, soient indexés automatiquement sur la hausse des prix.
Il faut en finir avec le chômage. C'est possible si l'on impose l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, sans perte de salaire.
Il faut en finir avec la dictature des banquiers qui mènent le monde de crise financière en crise financière, il faudra les exproprier et contrôler l'activité bancaire en la mettant au service de la société toute entière.
Pour que cela soit réalisable, il faudra que les classes populaires prennent confiance dans leur force et sachent qu'elles devront s'y mettre collectivement. C'est dans cette direction qu'il nous faut avancer en préparant les luttes de demain.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 1er août