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Leur société
Front national : Derrière le masque
Après le massacre fou de Norvège, le Front national avait prudemment publié un communiqué condamnant le meurtrier, tandis que quelques-uns de ses cadres exprimaient plus nettement, leur proximité de pensée avec le tueur.
Fou furieux, morbide, Breivik l'est incontestablement. Mais les idées au nom desquelles il a commis ce massacre, si l'on peut parler d'idées, sont propagées, banalisées quotidiennement par des formations et des partis d'extrême-droite qui ont parfois pignon sur rue dans certains pays d'Europe à commencer par le FN, ici en France. Mais ces idées ne sont pas le monopole de ce dernier. L'UMP, voire d'autres, ne répugne pas à s'en servir, donc à les cautionner pour attirer à elle des électeurs sensibles à ces idées.
Le FN avait dû « suspendre » un cadre bourguignon qui avait publié sur son blog un panégyrique du tueur : « premier défenseur de l'Occident, croisé, visionnaire ».
Et quelques jours plus tard, c'est Le Pen, le père, qui expliquait sur le site du FN que la tuerie n'était qu'un « accident », une conséquence de « l'immigration massive ». De tels propos n'étaient pas sans rappeler « le détail » que serait aux yeux du père de Marine Le Pen l'extermination de six millions de juifs. En fait, tout se passe comme s'il y avait une répartition des rôles entre le père et la fille. À elle, les déclarations apaisantes visant à montrer du FN une image « convenable », susceptible de trouver place dans une éventuelle coalition de droite, à son père les provocations calculées, pour complaire à l'électorat traditionnel du FN
Il ne faut pas se laisser prendre à l'emballement médiatique qu'a provoqué la déclaration de Le Pen. La polémique qu'il a lancée s'inscrit dans ce jeu politicien habituel, qui, en s'emparant de la moindre petite phrase, vise à discréditer le rival. N'empêche que derrière la prétendue opération de ravalement du FN, on entrevoit encore les ficelles politiques qui ont permis ses succès électoraux, toujours ce racisme, cette xénophobie. En résumé l'utilisation de tout ce qui peut affaiblir les classes populaires, en attisant tout ce qui, en leur sein, pourrait les diviser.
Quel que soit le visage, sous lequel le FN choisit de se présenter, il reste un parti au service du patronat, un parti profondément antiouvrier.