Pour justifier les suppressions d'emplois, dans les bureaux la direction de La Poste s'appuie systématiquement sur ses estimations de diminution du courrier. C'est tout juste si l'on ne dit pas aux facteurs qu'avec internet, il n'y aura bientôt plus rien à distribuer. Mais les chiffres fournis lors du dernier conseil d'administration de La Poste montrent que ses estimations sont pour le moins surévaluées. Alors qu'elle prévoyait une baisse de 30 % du courrier entre 2009 et 2015, la direction a dû admettre que ce chiffre ne serait atteint qu'en 2016. En attendant d'autres rectificatifs, car on ne voit pas très bien sur quoi La Poste peut se baser pour prévoir l'avenir, les suppressions d'emplois sont bien réelles, avec 11 700 en 2010 et sans doute autant en 2011.

Ce sont ces réductions d'effectifs qui font les bénéfices de La Poste, et ceux-ci sont prévus à la hausse. Pour 2015, le seul traitement du courrier dont on disait qu'il serait réduit à une peau de chagrin rapporterait 391 millions au lieu des 151 millions prévus il y a à peine un an. Son objectif proclamé est que les bénéfices de l'ensemble du groupe (courrier, banque postale, guichets, etc.) passent de 732 millions en 2009 à 1,7 milliard en 2015 ! Quant à savoir à quoi, ou plutôt à qui cet argent servira, la réponse est claire. Le conseil d'administration a fait passer de 25 à 36 % le taux des dividendes des deux actionnaires, l'État et la Caisse des dépôts et consignations. Car il s'agit de susciter des amateurs lorsque l'État jugera opportun d'ouvrir le capital de la société anonyme La Poste au privé...