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Italie : Le plan d'austérité approuvé Miracle à l'italienne ?
Le plan d'austérité du ministre de l'Économie Giulio Tremonti, visant à l'équilibrage du budget d'ici à 2014, a été approuvé en quatre jours. Un vrai miracle car cela ne s'était jamais produit.
Le fait est qu'en s'appuyant sur le climat de panique et les cris des moyens d'information sur la spéculation aux dépens des titres de la dette publique italienne, le gouvernement a réussi à obtenir un feu vert y compris de l'opposition. Les titres des journaux du 12 juin étaient alarmants : « l'Italie en point de mire », « Écroulement de la Bourse », « 16 milliards engloutis ». Et il est vrai que d'avoir deux ministres et le chef du gouvernement poursuivis par la justice ne donne pas tout à fait ce qu'on peut appeler une belle image.
De même la maladroite tentative d'introduire dans le texte de cette loi de finances une disposition devant permettre à Mondadori, le groupe d'éditions dont Berlusconi est propriétaire, de ne pas payer les 560 millions d'euros d'indemnisation qu'il doit à la société Cir de De Benedetti, ne doit pas avoir contribué à renforcer la confiance des « investisseurs » dans le gouvernement italien. Mais cela et les mille autres mesures crasseuses, petites et grandes, commises par la majorité de gouvernement à commencer par Berlusconi, sont passées subitement au second plan.
Face à l'attaque de la spéculation internationale et après le coup de téléphone de la chancelière allemande Merkel au « cavalliere », le « sens des responsabilités » des politiciens d'opposition a eu le dessus. Merkel a approuvé le texte de Tremonti et sollicité son approbation rapide. Ainsi Pierluigi Bersani, secrétaire du principal parti du centre-gauche, le PD, a renoncé à toute forme d'obstructionnisme parlementaire, permettant l'approbation rapide du plan d'austérité aussi bien à la Chambre qu'au Sénat. « Une extraordinaire preuve de cohésion nationale » a dit le président de la république Giorgio Napolitano.
Probablement Bersani et les autres leaders de l'opposition voulaient faire de nécessité vertu et démontrer aux milieux de la finance européenne qu'ils sont des hommes politiques mettant les « intérêts nationaux » au-dessus des convenances de parti. De bons payeurs en somme, sérieux et fiables, desquels les brigands de la haute finance peuvent avoir la garantie d'un paiement ponctuel de leurs traites. Ce n'est pas rien, d'autant plus qu'un tiers du débit public italien se trouve dans les mains des banques européennes.
Il est inutile de dire que l'addition de cette « manouvre » de 70 milliards d'euros sera payée essentiellement par les travailleurs et les couches populaires : introduction de nouveaux tickets modérateurs pour les visites de spécialistes et les interventions de premier degré des services d'urgence, coupes à tout va dans les dépenses sociales, allongement de l'âge de la retraite pour les femmes, élimination d'une série d'avantages fiscaux pour les familles, augmentation des prix de l'essence et du gazole, etc..
Comme l'ont rapporté les agences le 15 juillet, Bersani a déclaré, imperturbable, que « ce plan a un caractère de classe criant, il frappe les faibles et les pauvres gens, il n'amène aucune réforme et ne fait rien pour la croissance. Il ne nous mettra pas à l'abri de la tempête et d'ailleurs dès aujourd'hui les taux d'intérêt sont remontés ». C'est vrai, tout comme il est vrai que ni lui ni ses collègues de l'opposition n'ont bougé le petit doigt pour faire obstacle à l'adoption du plan.
Les syndicats annoncent maintenant une mobilisation unitaire immédiate... en septembre. Entre-temps l'institut de la statistique nous informe qu'en 2010 en Italie plus de 8 millions de personnes étaient sous le seuil de pauvreté. Peut-être, pour tranquilliser les banquiers qui possèdent une grande partie de la dette publique italienne, faudra-t-il arriver à 10 millions et plus. Les zones de misère s'élargissent et ce n'est pas avec les bavardages sur les taux d'intérêt, les cours de Bourse ou les investisseurs internationaux, les projets pour « conjuguer rigueur et développement », que l'on peut faire le dîner. Il faut conquérir le droit de vivre sans tomber dans la misère, imposer un salaire minimum dans toutes les catégories, une indemnisation correcte du chômage et bien d'autres exigences vitales et urgentes. Tout le reste n'est que bavardage.