Selon un récent sondage, 45 % des habitants du pays ne partiront pas en vacances cet été, pour la plupart faute de moyens. À vrai dire, ce n'est pas une nouveauté. Mais la baisse du pouvoir d'achat se ressent. Alors que 7 % des personnes interrogées qui n'étaient pas parties l'année dernière le feront cette année, 17 % des vacanciers de l'année dernière ne le seront plus cette année. Ceux qui peuvent encore se permettre de partir ne sont pas des privilégiés pour autant : un tiers d'entre eux partiront dans la famille, 14 % en camping et 9 % chez des amis. En outre, 11 % des vacanciers déclarent vouloir restreindre leur budget vacances, qui pour plus de la moitié est inférieur à 500 euros. Malgré tout, selon un organisme officiel, nombre de professionnels du tourisme s'en sortiront bien cet été, car la fraction la plus riche de leur clientèle dépensera davantage, ce qui devrait globalement compenser, et même au-delà, la baisse du pouvoir d'achat des milieux populaires.

Même réalisées à l'économie, les vacances sont un plaisir, une coupure par rapport à la vie quotidienne, voire une façon d'envisager la vie autrement, pendant une période bien courte. Il est donc choquant que, des décennies après l'instauration des congés payés, une grande partie des milieux populaires en soit privée. Mais les congés payés n'ont jamais été un cadeau, c'est le résultat d'un rapport de forces imposé par la grève générale en 1936. Les congés payés entraient dans le prix, bien minime d'ailleurs, que le patronat était prêt à payer pour aider les dirigeants du PS et du PC à arrêter la grève la plus puissante que le pays ait connue et qui, par les occupations d'usine, menaçait son pouvoir économique. C'est ce pouvoir économique aujourd'hui incontrôlé qu'il faudra contester pour que les travailleurs aient les moyens de vivre décemment de leur travail et de bénéficier de congés mérités, c'est-à-dire de vraies vacances.