Retraites : Quinze ans de « réformes » antiouvrières06/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2240.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Quinze ans de « réformes » antiouvrières

Partir à la retraite à 60 ans, ce n'est plus possible depuis le 1er juillet dernier. Désormais on ne peut le faire qu'à 60 ans et quatre mois. Au rythme de quatre mois supplémentaires chaque année, en 2018 l'âge normal de départ à la retraite sera 62 ans. Globalement le patronat aura donc atteint son but : voir l'âge de départ et les durées de cotisation allongés et unifiés pour le public et le privé.

Le 1er avril 1983 l'âge de la retraite était passé à 60 ans. Un salarié ayant cotisé 37 ans et demi touchait 70 % de son salaire annuel moyen, calculé sur les dix meilleures années. 50 % provenaient du régime général de la Sécurité sociale, 20 % de la retraite complémentaire. L'ordonnance du gouvernement Mauroy avait été contresignée par le patronat, qui y voyait l'occasion de se débarrasser des travailleurs les plus âgés et relativement mieux payés, sans pour autant les remplacer, et donc de réduire à la fois la masse salariale et les emplois.

Depuis, les patrons, avec l'appui des principaux médias, ont constamment fait campagne pour réduire les pensions de retraite, tout en proposant en contrepartie des fonds de pension par capitalisation gérés par les institutions financières et à leur profit. Sous le prétexte fallacieux d'un déficit actuel ou futur et de la « faillite » pronostiquée du système des retraites, ils ont milité pour l'augmentation des annuités de cotisation et pour l'augmentation de l'âge légal de départ.

En 1993, Balladur faisait passer de 37,5 à 40 ans la durée de cotisation pour le secteur privé. Et le calcul du taux de retraite se faisait non plus sur les dix mais sur les vingt-cinq meilleures années de salaire, ce qui faisait chuter brutalement les pensions. En 1995 Juppé tentait d'imposer la même chose aux salariés du secteur public, mais il fut contraint de reculer devant la grève des cheminots et des agents de la RATP. Le gouvernement de la Gauche plurielle n'est pas revenu sur la réforme de Balladur. En 2003 Fillon parvenait, malgré les grèves et les manifestations, à imposer les 40 ans de cotisation à la fonction publique, ainsi que l'élévation vers 42 ans pour tout le monde. Il avait pris soin d'exclure de sa réforme les cheminots et la RATP, se réservant de le faire par la suite. À l'automne 2010 il faisait voter le report de l'âge de départ au-delà de 60 ans et restait sourd aux manifestations qui, en septembre-octobre, ont mobilisé des millions de travailleurs.

Depuis 1983, le chômage n'a fait que s'aggraver et il devient de plus en plus difficile d'avoir les trimestres nécessaires pour toucher une retraite à taux plein. Sans compter que, malgré le battage du gouvernement autour de l'emploi des seniors, plus on avance en âge et plus il est difficile de retrouver du travail, sans même parler d'un travail bien payé. Autant dire que le recul de l'âge où l'on peut faire valoir ses droits à toucher une retraite représente une véritable catastrophe pour de très nombreux travailleurs.

Jusqu'ici, le patronat a réussi à imposer ses plans pour payer de moins en moins pour les retraites, même si cela n'a pas toujours été facile pour lui. Car cela fait quinze ans que les luttes contre les réformes des retraites sont parmi les plus déterminées qu'a menées la classe ouvrière, à la fois contre l'État qui les impose et contre la bourgeoisie qui les inspire. Les patrons et leurs ministres auraient tort de croire qu'ils en ont fini avec les travailleurs, y compris sur la retraite.

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