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Grande-Bretagne : La grève du 30 juin dans le secteur public
Lors de la mobilisation nationale du 26 mars à Londres, Serwotka, leader du syndicat des fonctionnaires PCS (750 000 membres fonctionnaires), avait annoncé des « grèves coordonnées » sur les retraites du secteur public pour le 30 juin. C'est donc cette grève qui s'est déroulée, à la date prévue, à l'appel du PCS et des trois principaux syndicats enseignants.
Il s'agit du premier appel à une grève nationale depuis 2006 et elle a été bien suivie. Elle a touché les lycées et les écoles, les agences pour l'emploi, les administrations centrales, les services civils d'urgence, le contrôle aux frontières, et même le Parlement où les députés travaillistes, embarrassés, ont dû franchir un piquet de grève devant les caméras...
Par ailleurs, des marches et rassemblements avaient été organisés dans la plupart des villes, avec une bonne participation pour une telle journée (30 000 à Londres, selon la police).
L'auteur des plans de Cameron contre les retraites est un « expert » : John Hutton, ancien ministre travailliste des Retraites ! Les changements prévus par Hutton dans le mode de calcul se traduiraient, selon le PCS, par une baisse de 30 à 50 % par rapport aux taux actuels, qui sont déjà faibles. Et pour toucher cette misère, il faudra accepter une baisse de salaire de 3 % (augmentation de la cotisation retraite) et un départ plus tardif (repoussé de 60 à 66 ans). On comprend la colère des intéressés.
Pour l'instant, ces mesures concernent les retraites publiques par répartition, à l'exception du gratin de l'appareil d'État, ministres et députés inclus ! Et on s'attend à ce que d'autres gros bataillons du public, dont le système de retraite est un peu différent, tels que les municipalités et la santé, soient visés.
Sans doute David Prentis, le leader d'Unison, deuxième syndicat du pays, qui est majoritaire tant dans la santé que dans les municipalités, a-t-il menacé de déclencher une « vague déferlante de grèves, à côté de laquelle la grève générale de 1926 fera figure de simple anecdote » ! Sauf que Prentis a refusé d'engager son syndicat dans le mouvement du 30 juin et envisage seulement une consultation en vue d'arrêts de travail tournants « vers la rentrée ».
Mais le pire dans cette affaire c'est que, si les attaques contre la retraite sont scandaleuses et valent qu'on leur résiste, l'ensemble des travailleurs -- public et privé -- sont touchés par deux menaces encore plus urgentes, sur l'emploi et le pouvoir d'achat.
Les suppressions d'emplois montent dans tous les secteurs, mais surtout dans les secteurs étatique et paraétatique. Pour ne prendre que les principales annonces de juin : 20 000 suppressions d'emplois postaux (en plus des 65 000 supprimés en trois ans), 15 000 chez Lloyds (banque passée sous contrôle étatique en 2008, qui a déjà supprimé 43 000 emplois), 25 000 dans les services municipaux et de santé (portant le total annoncé en un an à plus de 180 000, sans compter les travailleurs précaires).
Quant au pouvoir d'achat, non seulement l'inflation tourne autour de 5 % depuis deux ans, mais les baisses de salaire qui avaient marqué les débuts de la crise ont repris dans le privé et surtout, maintenant, dans le public.
C'est d'ailleurs pour ces deux raisons que le 30 juin, suite à des initiatives locales, des milliers de travailleurs municipaux ont fait grève dans plusieurs villes, dont Birmingham, la deuxième municipalité britannique. Dans la plupart des cas, les grévistes protestaient contre des baisses de salaire (3 à 5,5 %), la suppression des majorations horaires et pauses payées et l'imposition de la flexibilité totale dans les tâches, destinée évidemment à faciliter les licenciements.
Pour l'instant, les syndicats du secteur public ne parlent pas d'une suite à la grève du 30 juin, et le TUC encore moins, d'autant qu'il ne l'a pas soutenue -- abstention liée à la position officielle du Parti travailliste dont le leader, Ed Miliband, a condamné les grévistes du 30 avant, pendant et après, dans des termes guère différents de ceux employés par les ministres de Cameron.
Et pourtant il faudrait que le 30 juin ait une suite. Le gouvernement Cameron en est toujours, pour l'instant, à prendre la température sociale, au point d'ailleurs qu'il a jugé préférable de reculer ostensiblement sur certains points de sa réforme de la santé, craignant un clash avec les professions médicales qui exprimaient leur colère. Et il ne peut qu'en aller de même pour le reste de ses attaques. Il est vital que ce gouvernement et les capitalistes qui lui dictent sa politique finissent par se brûler les doigts face à la résistance des travailleurs -- et le plus tôt sera le mieux !