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- Lutte ouvrière n°2239
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Dans les entreprises
PSA Aulnay (Seine-Saint-Denis) : Le projet de fermeture La direction cherche à gagner du temps
Après le Comité central d'entreprise du 23 juin, les travailleurs de l'usine d'Aulnay sont de plus en plus nombreux à être convaincus que la direction a bel et bien l'intention de fermer le site en 2014.
Dans les jours qui ont précédé le CCE, les syndicats ont fait circuler dans les ateliers une motion commune, qui a rencontré un franc succès : en 36 heures, elle a été signée par 2 200 travailleurs, ce qui représente 80 % des effectifs présents dans l'usine à ce moment. La motion a été signée au-delà des seuls ouvriers : des techniciens, des employés, et même un certain nombre de cadres et de chefs ont également signé cette motion qui exigeait des engagements écrits de la direction pour le maintien de tous les emplois et de tous les salaires au moins jusqu'en 2016.
De son côté, la direction a tenté un certain nombre de petites manoeuvres pour éviter que la presse soit présente à la sortie du CCE du 23 juin, en contactant les rédactions des journaux pour leur dire qu'il ne se passerait rien lors de cette réunion. Peine perdue : les caméras et les micros étaient là en nombre devant le siège de PSA.
À la réunion elle-même, les syndicats d'Aulnay sont venus avec la motion pour exiger de Denis Martin, directeur industriel et numéro deux du groupe, un engagement écrit. En réponse, ils ont eu droit à des heures de bla-bla sur la « compétitivité » et le refrain éternellement repris sur le fait que la fermeture d'Aulnay n'est « pas d'actualité ». Ce qui n'est pas exactement un mensonge : la fermeture ne sera « d'actualité » qu'en 2013 et 2014, selon les plans du patron. En réalité, le refus de la direction de s'engager par écrit sonne comme un véritable aveu : elle a bien décidé de se débarrasser d'Aulnay. Pour noyer le poisson, elle veut maintenant promener les syndicats de « réunions de travail » en « comités stratégiques » bidon, afin de « travailler à la question de la compétitivité ». La direction joue la montre, afin de tenter d'arriver sans encombre à la date de septembre 2012, après les élections, pour faire son annonce officielle.
À la sortie du CCE, la présence de très nombreux journalistes a obligé Denis Martin à faire un point de presse, où il a prouvé que la communication n'est pas toujours un métier facile : bombardé de questions de journalistes, il a obstinément refusé de répondre sur la fermeture d'Aulnay avant de quitter la salle assez en colère, laissant aux journalistes présents la très nette impression qu'on se payait leur tête.
Le soir même, à l'usine, les réunions d'atelier ont repris pour informer les travailleurs du refus de la direction de s'engager, avec une affluence toujours importante. Chacun réalise peu à peu que les projets de la direction sont bien réels.
À présent, les syndicats de l'usine vont interpeller le gouvernement et les pouvoirs publics, pour leur demander s'ils comptent se rendre complices de cette fermeture annoncée. Mais ce qui se discute dans les ateliers, quotidiennement, c'est le fait que pour mettre un coup d'arrêt aux projets de la direction, et imposer que le travail soit partagé entre les usines d'Aulnay, de Poissy et de Mulhouse, il faudra compter sur notre propre lutte. Comme l'a affirmé un représentant des travailleurs à l'issue du CCE, dans les mois qui viennent, « on va entendre parler des travailleurs d'Aulnay » !