Sarkozy, Pologne et gaz de schiste : Trop poli pour être honnête...22/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2238.gif.445x577_q85_box-0%2C19%2C233%2C321_crop_detail.png

Dans le monde

Sarkozy, Pologne et gaz de schiste : Trop poli pour être honnête...

Recevant à Paris le Premier ministre polonais Donald Tusk, Sarkozy lui aurait notamment dit : « On sait que le gaz de schiste est important pour vous, on ne veut pas vous créer de difficultés au niveau européen. »

La Pologne a décidé d'en lancer l'exploitation, mais le gouvernement français, lui, a dû prévoir une loi qui gèle de tels travaux ici, des manifestations de protestation ayant eu lieu dans les régions visées par les compagnies pétrolières et gazières. La déclaration de Sarkozy à son invité polonais pourrait donc passer pour un geste de bonne volonté. Elle a même été présentée comme compréhensive pour un pays, la Pologne, dont l'approvisionnement énergétique dépend de la Russie. En tout cas, Tusk a aussitôt fait savoir : « C'est une déclaration très importante pour moi. »

Mais peut-être pas autant que pour... Total.

Car ce que les communiqués officiels n'ont pas rappelé, c'est que le groupe français vient de s'associer avec un autre géant du secteur, ExxonMobil, pour exploiter pendant cinq ans des contrats d'exploration de gaz de schiste dans le sud de la Pologne. Et cela concerne plus de 2 000 kilomètres carrés.

Les appétits de Total et d'autres de ses pareils sont, pour l'heure, contrariés par le vote (non définitif) d'une loi qui suspend les travaux hautement polluants de recherche et exploitation du gaz de schiste. Sarkozy, en faisant semblant de ne pas vouloir contrarier son partenaire polonais, voulait d'abord rappeler à Total qu'il est et reste à son service.

Total et Exxon peuvent bien polluer des milliers de kilomètres carrés en Pologne, y empoisonner la vie des habitants des environs de Chelm et Werbkowice, comme leurs pareils à la recherche de gaz de schiste ont pollué et empoisonné des régions entières en Amérique du Nord ; mais ni Sarkozy, ni l'Union européenne ne pensent le moins du monde à « leur créer de problèmes ».

Heureusement, la population polonaise, elle, n'a peut-être pas encore dit son dernier mot...

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