Une étude très officielle met en évidence les difficultés d'accès aux soins dans certaines régions, et notamment l'inquiétante et dangereuse pénurie de maternités.

Distances et temps d'accès aux soins en France métropolitaine : tel est le titre de cette étude publiée par la Direction de la recherche et des études (Dress) du ministère de la Santé. Elle mesure la distance à parcourir, et donc la facilité avec laquelle la population d'un lieu donné peut accéder à un service médical recherché. Et elle conclut que « le temps d'accès aux soins est globalement satisfaisant » puisque, pour 95 % de la population, il faut moins de 15 minutes pour accéder à des soins de proximité (généraliste, infirmière, kiné), moins de 20 minutes pour rencontrer un spécialiste et moins de 45 minutes pour parvenir au service hospitalier recherché.

« Globalement satisfaisant », c'est à voir. Mais restent les 5 % de la population, soit trois millions d'hommes et de femmes qui, notamment dans les régions montagneuses ou rurales, et plus particulièrement en Corse, dans le Limousin, en Auvergne ou encore en Champagne-Ardenne, ont un véritable problème d'accès aux soins. Localement, c'est parfois plus de 10 % de la population qui est exclue d'une prise en charge assurant leur sécurité. Reste aussi le critère financier qui fait que, par exemple en Île-de-France, s'il s'agit d'accéder à un médecin spécialiste de secteur 1, le tarif sans dépassement d'honoraires qui sert de base au remboursement par la Sécurité sociale, « le temps moyen d'accès, dit l'étude, est multiplié par deux ou plus ». Restent encore les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous, les possibilités de s'y rendre, les difficultés financières, etc.

Et puis reste la pénurie de maternités que l'étude met en évidence. Globalement, 2 % des femmes en âge de faire des enfants, c'est-à-dire près de 200 000 femmes, doivent parcourir plus de 45 minutes par la route pour arriver à la maternité la plus proche. Et si on considère les maternités équipées pour les grossesses à risque, ce sont 600 000 femmes qui ne peuvent pas y accéder en moins d'une heure et demie.

Et encore toute cette étude a-t-elle été réalisée à partir de chiffres et d'un état des lieux au 1er janvier 2007. Depuis, le nombre de médecins a diminué et il va continuer à diminuer dans les années qui viennent. Dans le même temps la population, elle, continuera d'augmenter. Sous prétexte de déséquilibre budgétaire et au nom de la rentabilité financière qui sont une absurdité en matière de santé, nombre de services, voire d'établissements ont fermé depuis. Et, dans le cadre de la politique d'économies programmées par le gouvernement sur tous les services publics, beaucoup sont dans le collimateur pour les mois et années qui viennent. Il ne faut pas laisser faire !