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- Lutte ouvrière n°2238
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Dans les entreprises
Renault - Flins (Yvelines) : Renault fait marche arrière sur les batteries... Que deviennent les embauches ?
À l'occasion d'une réunion du Comité d'établissement, le 25 mai, la direction de l'usine Renault de Flins a vaguement signalé, au détour d'une présentation du véhicule électrique, le report de l'implantation de l'usine de modules de batteries prévue sur le site de Flins courant 2012.
Depuis un an et demi, l'affaire de l'usine de batteries avait fait couler encre et salive, côté Renault et gouvernement, et largement alimenté la communication du PDG Ghosn, de la direction de Flins, et même du ministre de l'Industrie de l'époque, Christian Estrosi. À entendre les envolées enthousiastes du ministre, le PDG et les patrons de Flins avaient en main un « projet structurant, le projet porteur de croissance et d'emploi des trente prochaines années ». La batterie au lithium devenait une vraie mine d'or et d'emplois.
Cinq cents embauches étaient ainsi prévues, sur une usine qui devait produire 100 000 batteries par an au démarrage, et jusqu'à 250 000 en 2015. Il était question d'un bonus de 5 000 euros pour l'achat d'une voiture électrique, d'une enveloppe de subventions de 900 millions pour financer la recherche et la mise en place de la fabrication des batteries. L'État, par l'intermédiaire du Fonds stratégique d'investissement, promettait 125 millions, le Commissariat à l'énergie atomique en versait cinq autres, la Banque européenne d'investissement envisageait un prêt de 140 millions, un prêt de 100 millions à taux zéro serait engagé, des subventions publiques versées... C'était en novembre 2009.
En juin 2011, des centaines de suppressions d'emplois plus tard, il ne reste plus de l'opération com' de Renault et du gouvernement qu'une vague histoire de problèmes techniques pour expliquer le retard. On ne sait pas si Renault a touché une partie de ces subventions, ni ce qu'il en a fait, mais il n'est plus question comme en 2009 de « consolider le bassin d'emplois sur Flins ». Au lieu de l'investissement promis, Renault se contenterait d'acheter les batteries de la future voiture électrique "Zoé" à une usine coréenne.
Dans une région où les jeunes des cités subissent le chômage à 40 %, dans une usine où la direction maintient en permanence 700 travailleurs avec le statut d'intérimaires, la parfaite désinvolture avec laquelle ces patrons tournent la page des embauches rend dérisoire leur publicité locale : « Le futur commence ici ».
Le futur, décidément, ce devra être celui des luttes pour les salaires et l'embauche.