Depuis plusieurs semaines, le mécontentement s'exprime dans divers secteurs d'Air France, avec la revendication de hausses de salaire et aussi de la préservation de l'emploi.

Ce mécontentement a grossi, surtout depuis le week-end de Pentecôte, avec des débrayages, des grèves, parfois de plusieurs jours, auxquels ont à chaque fois participé des centaines de travailleurs, voire plus. Cela parmi les employés du Commercial France, les mécaniciens avion et mécaniciens de piste à Roissy, à Orly et au Bourget, ou encore chez les PNT (pilotes) et PNC (hôtesses et stewards) de Regional, la compagnie filiale d'Air France qui dessert diverses lignes en régions.

La direction a pris l'habitude de pleurer misère dans la presse : le coût du kérosène s'envole, le trafic aérien est en berne, les bénéfices aussi, affirme-t-elle. On sait pourtant qu'elle a mis de côté ce qu'elle nomme un « trésor de guerre » qu'elle a elle-même chiffré à plusieurs milliards d'euros. Ces fonds, elle les mobilise chaque fois qu'une bonne affaire pointe à l'horizon : pour s'offrir une part du capital d'Alitalia, et tout récemment pour participer à la privatisation de la compagnie polonaise LOT ou encore pour renforcer ses positions dans diverses compagnies africaines.

Cet argent, c'est d'abord sur le dos du personnel que la direction l'a accumulé : en gelant les salaires depuis des années, en multipliant les plans de réduction des effectifs.

Air France a les moyens et d'embaucher et de verser des salaires décents. Ici et là dans la compagnie, des grèves ont éclaté pour obtenir l'équivalent de 200 euros d'augmentation de salaire : si ce mouvement et cette revendication s'étendaient, la direction ne l'aurait pas volé !