- Accueil
- Lutte ouvrière n°2237
- Précaires, sous-payés mais indispensables, les médecins étrangers se mobilisent
Dans les entreprises
Précaires, sous-payés mais indispensables, les médecins étrangers se mobilisent
Mercredi 15 juin, les médecins étrangers, ainsi appelés parce qu'ils n'ont pas le diplôme français, ont manifesté devant le ministère de la Santé pour protester contre la mise en place d'un concours obligatoire, à compter de décembre prochain, pour leur permettre de continuer à exercer en France.
Cela fait des années que des milliers de médecins étrangers travaillent dans les hôpitaux, où ils pallient la pénurie de médecins français. Ils y assurent des tâches parmi les plus lourdes, comme les gardes de nuit, les urgences ou les périodes de vacances, et bien des directeurs d'hôpitaux savent que leurs établissements ne fonctionneraient que difficilement sans eux. Leur compétence n'est pas mise en cause puisqu'on leur confie les malades, mais la non-reconnaissance de leurs diplômes étrangers en fait des médecins de seconde zone, entre autres pour leurs salaires, inférieurs parfois de moitié à ceux de leurs collègues français, et leurs contrats de travail précaires, au bout desquels ils peuvent être remerciés sans délai.
Cette situation ne date pas d'hier et les médecins étrangers avaient su obtenir quelques améliorations. En 1995, Simone Veil leur avait accordé l'équivalence de leurs diplômes puis Kouchner, en 1999, en avait régularisé plus de 7 000 tout en bloquant l'embauche de médecins venant de pays hors de l'Union européenne à compter de 2002. Mais, les besoins des hôpitaux restant toujours aussi importants et étant même accrus par la politique d'austérité menée dans le domaine de la santé par tous les gouvernements, de droite comme de gauche, des médecins étrangers travaillaient toujours aussi nombreux dans les hôpitaux.
Aujourd'hui, ce serait donc à près de 6 200 médecins étrangers que le ministère de la Santé demande de passer un concours pour valider leurs compétences. Mais ce concours n'ouvrira que... 200 postes par an et, pour tous les autres, ce sera donc l'interdiction pure et simple d'exercer leur métier.
Devant les protestations des médecins étrangers et des syndicats, le ministère dit suivre le dossier de près et être en concertation régulière avec ces derniers. Avec un Xavier Bertrand ministre de la Santé, les médecins étrangers ont bien raison de se méfier et de ne compter que sur leur mobilisation pour continuer à travailler dans les hôpitaux.