Extraits des allocutions de Nathalie Arthaud : Lundi 13 juin15/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une2237.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Extraits des allocutions de Nathalie Arthaud : Lundi 13 juin

Camarades et amis,

La période qui nous attend est une période dure pour les exploités. Elle est dure parce que le système capitaliste ne peut se survivre, c'est-à-dire continuer à enrichir une minorité de privilégiés malgré la crise, qu'en écrasant toujours plus les classes exploitées. Mais la résistance que cela provoquera fera aussi surgir au sein du monde du travail des femmes et des hommes qui comprendront que, dans ce système, il n'y a pas de voie de sortie individuelle. Des femmes et des hommes qui se consacreront à l'émancipation de leur classe sociale, en sachant que le moteur de ce combat est le renversement du capitalisme.

La perspective que nous avons à incarner, à populariser, est le regroupement de tous ces militants dans un parti communiste révolutionnaire. C'est dans cette perspective que militent également les camarades de notre courant politique dans leurs pays respectifs, aux Antilles, en Haïti, aux États-Unis, en Afrique ou en Europe. Et nous avons la conviction que la renaissance d'un véritable parti communiste révolutionnaire, ici en France, ira de pair avec la renaissance d'une Internationale communiste.

Il ne suffit certes pas de brandir le drapeau du communisme révolutionnaire pour provoquer un regroupement autour. Mais, si le drapeau n'est pas brandi, personne d'autre ne le fera à notre place ! (...)

Une des richesses de notre fête est la présence parmi nous d'organisations qui militent dans d'autres pays. Je voudrais les saluer et leur souhaiter bon courage pour leurs activités, d'autant plus que ces camarades vivent et militent souvent dans des conditions difficiles. (...)

Avec nos organisations soeurs, nous avons en commun de partager le même idéal, le même programme et surtout la même confiance dans la capacité de la classe ouvrière de mettre fin à l'organisation capitaliste de la société, à ses injustices et à son absurdité. (...)

De la Grèce à l'Irlande en passant par le Portugal, les banques brandissent le montant de la dette des pays qu'elles sont en train d'étrangler et exigent de leurs gouvernements qu'ils mènent une politique d'austérité, pour obliger les classes exploitées à rembourser avec intérêts des dettes qu'elles n'ont pas faites et dont elles ne sont en rien responsables. Partout, on réduit le nombre de travailleurs des services publics. Partout, on repousse l'âge de la retraite et on diminue le montant des pensions. Partout, on démolit le système de protection sociale. (...). Aucun pays ne peut espérer échapper aux usuriers du système financier. (...)

Oui, c'est l'ensemble du monde capitaliste qui est en crise. Regardons ce qui se passe en Grèce ou ce qui commence en Espagne ou au Portugal, nous y verrons notre propre avenir. (...)

Les charlatans qui dirigent la vie politique internationale constatent les dégâts, comme tout le monde. Dans leurs grands-messes politiques, les G7, les G8 ou les G20, ils font des discours, parlent de régulation, promettent des réformes. Mais ils ne peuvent et ils ne veulent rien faire car, pour faire même des réformes, il faudrait s'en prendre à la recherche du profit, à la concurrence, à la propriété privée des usines et des banques (...).

Certains de ces charlatans - il y en a surtout à droite et à l'extrême droite, mais aussi à gauche - préconisent le repliement protectionniste, la fermeture des frontières. Ce n'est pas seulement stupide, tant l'économie est internationalisée depuis longtemps. C'est aussi un poison qui aboutit à dresser les peuples les uns contre les autres

Tout aussi grave est d'opposer les travailleurs d'un même pays aux autres, en fonction de leur origine, et de s'en prendre aux travailleurs immigrés, avec ou sans papiers.

Les travailleurs immigrés sont une partie de nous-mêmes. Et permettre qu'on s'en prenne à eux, ce serait un suicide ! Nous ne le laisserons pas faire ! (...)

La force des courants d'extrême droite (...) vient des déceptions engendrées par les partis de la gauche réformiste. Des déceptions qui viennent, comme ici en France, d'un passé qui s'éloigne, des années Mitterrand puis des années Jospin. Mais en Grèce, en Espagne ou au Portugal, c'est le présent, ce sont les partis socialistes aujourd'hui au gouvernement qui sont les exécuteurs des basses oeuvres du grand capital.

En Grèce, c'est un gouvernement socialiste qui est en train de vendre le pays aux banquiers en privatisant tout, des ports aux entreprises industrielles étatisées et jusqu'au service postal, en passant par le PMU.

La force de l'extrême droite partout en Europe vient de ce que les masses exploitées, désorientées, désarmées par la gauche réformiste, se sentent perdues, sans perspective, et se taisent sur le plan politique.

Mais cela ne durera pas. Les crises, en changeant brutalement la situation, la vie même de millions de femmes et d'hommes, relancent inévitablement la lutte de classe. (...)

IL NE SUFFIT PAS DE S'INDIGNER DU CAPITALISME, IL FAUT LE RENVERSER

Au début de cette année, ce sont les peuples arabes, et plus particulièrement ceux d'Égypte et de Tunisie, qui ont donné l'exemple. Ils ont montré comment les pires dictateurs, qui croyaient leur règne bâti sur du roc, peuvent être renversés. Mais l'exemple de l'Égypte et de la Tunisie montre aussi que les masses exploitées doivent aller plus loin. (...) Les exploités entraînés dans la révolte se sont battus aussi pour une vie meilleure, pour le droit élémentaire de manger chaque jour à sa faim (...). Et sur ce terrain, ils n'ont rien obtenu. Et pour cause !

Si Moubarak et Ben Ali étaient des bourreaux, la cause du chômage, la misère de ces pays, dépassait leur petite personne. Derrière la dictature d'un homme, il y a la dictature du système capitaliste lui-même (...).

Pour mettre fin à ce système, il ne suffit pas de renverser le pouvoir d'un homme. Il faut mettre fin au pouvoir absolu sur l'économie de ceux qui possèdent les usines, les banques, les grandes chaînes de distribution.

L'exemple de la Tunisie et de l'Égypte a inspiré, directement ou indirectement, ceux qui en Espagne se nomment les « Indignés ». Eh bien oui, indigné, il y a de quoi l'être ! Mais, là encore, la bourgeoisie capitaliste n'a que faire de l'indignation qu'elle suscite. (...) Les « Indignés » d'Espagne et peut-être de Grèce, du Portugal ou d'ailleurs, ont pour eux d'avoir franchi un pas important : ne plus croire à l'alternance des grands partis au pouvoir, qui sont tous au service des plus riches. Ils ont pour eux d'avoir compris qu'il faut peser directement sur la vie politique et ne pas en passer par les partis institutionnalisés (...).

Mais ce premier pas n'en est un que s'il est suivi d'autres. Il ne suffit pas de s'indigner du capitalisme. Il faut le renverser. Être communiste révolutionnaire, c'est avant tout être porteur de cette conviction. (...)

Le courant communiste est faible au regard des nécessités politiques de cette période de crise du capitalisme. Mais, tant qu'il existe, il représente l'espoir. Le courant communiste n'a absolument pas la capacité de déclencher des mouvements de révolte amples et puissants. L'explosion sociale, c'est la classe capitaliste elle-même, ce sont ses serviteurs politiques au gouvernement qui finiront par la déclencher. La responsabilité des communistes révolutionnaires est que ces mouvements de révolte ne soient pas détournés sur de fausses voies. Et, en particulier, qu'ils ne soient pas détournés vers la voie stérile et dangereuse du repliement national, de l'hostilité envers d'autres peuples. À la contagion de la crise capitaliste, qui n'est pas arrêtée par des frontières, doit répondre la contagion révolutionnaire parmi les classes exploitées de tous les pays. Dans le combat contre le capitalisme, la seule véritable frontière, c'est celle qui sépare les exploiteurs capitalistes des classes exploitées.

Oui, la crise de l'économie capitaliste est devenue le fait dominant de la situation internationale. Elle pèse, en aggravant partout les conditions d'existence des classes exploitées. Elle pèse aussi, indirectement, sur toute la société, car elle favorise toutes les formes de barbarie qui montent à la surface de la société, les idées réactionnaires, chauvines, xénophobes, racistes, dans les pays riches, l'ethnisme ou le fanatisme religieux, dans les pays pauvres.

LES TROUPES FRANÇAISES N'ONT RIEN A FAIRE EN AFGHANISTAN ET EN AFRIQUE

(...) La France est engagée dans trois guerres, en Afghanistan, en Libye, mais aussi, dans une guerre qui ne dit pas son nom, en Côte d'Ivoire. Oh, les hommes politiques de la bourgeoisie savent justifier chacune de ces guerres (...) : contre le fanatisme religieux en Afghanistan, contre la dictature en Libye, pour faire respecter la volonté de la majorité électorale en Côte d'Ivoire.

Bien sûr, Kadhafi en Libye est un dictateur infâme et Gbagbo a montré le peu de cas qu'il faisait des souffrances de son propre peuple. Mais les agressions impérialistes n'ont jamais apporté ni la liberté ni le bonheur aux peuples (...).

Il suffit de gratter un peu pour que, derrière les justifications, on trouve de sordides intérêts économiques : ici, le pétrole ou les matières premières ; là, pour permettre à Bolloré, Bouygues ou à des banques de piller une ex-colonie en toute tranquillité ; ailleurs, pour permettre à la bourgeoisie française d'être présente dans une position stratégique. Et, partout, ces guerres limitées servent d'entraînement aux armées pour les guerres futures. Elles servent aussi de vitrines (...) à tous nos marchands d'armes (...).

Même si ces guerres ont la bénédiction non seulement de la droite, mais aussi du Parti socialiste et jusqu'à Mélenchon, ce sont des guerres de brigandage !

Le courant communiste révolutionnaire n'est pas assez fort pour s'opposer à ces guerres. Mais il peut au moins affirmer haut et fort qu'il est contre. (...)

LA CATASTROPHE DE FUKUSHIMA, UN AVERTISSEMENT POUR TOUTE LA PLANETE

Parmi les méfaits du règne de la bourgeoisie capitaliste, comment ignorer l'avertissement qu'a été pour toute la planète l'accident nucléaire de Fukushima ? La véritable menace ne vient pas de la réaction nucléaire elle-même, mais de ceux qui gèrent cette économie et dont l'irresponsabilité dans la course au profit est capable de transformer tout progrès en danger pour l'homme et la planète. (...) Dans le cas de la centrale nucléaire de Fukushima, c'est après coup que la population a appris tout ce que la société gérante Tepco a caché pendant des années et qui l'a rendue incapable de faire face à l'accident. Alors, il faut que les travailleurs de toute la filière nucléaire aient le droit de tout contrôler, de rendre public immédiatement tout ce qui ne leur semble pas normal, qu'ils puissent dénoncer toutes les mesures d'économies faites au détriment de la sécurité.

Et il ne faut pas que les entreprises puissent invoquer le secret industriel ou le secret commercial contre cette transparence. Ces secrets-là ne servent qu'à préserver le droit que s'arrogent les capitalistes de faire n'importe quoi, du moment que cela leur rapporte.

Le secret industriel n'a servi, dans le cas de la centrale nucléaire de Fukushima, qu'à dissimuler à la population un risque industriel dangereux. Il n'a servi chez, Citroën, qu'à cacher un plan de licenciements aux travailleurs, les principaux concernés. Il n'a servi, chez Servier, qu'à minimiser le risque d'un médicament, le Mediator, qui s'est révélé être un poison. Alors, à bas le secret des affaires !

La production est faite avec la participation de tous les travailleurs. Elle concerne tout le monde. Il faut qu'elle puisse être contrôlée par tout le monde !

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