Bactéries tueuses : La science contrecarrée par l'organisation sociale08/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/06/une-2236.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Leur société

Bactéries tueuses : La science contrecarrée par l'organisation sociale

L'épidémie causée par la bactérie Escherichia Coli mobilise à Hambourg une armée de chercheurs, qui effectuent chaque jour près de 200 prélèvements pour déterminer l'origine de cette dangereuse infection qui a déjà provoqué 23 décès, dont 22 en Allemagne.

Cette bactérie qu'on trouve partout - il y en a dans les intestins des hommes comme dans ceux des bovins - connaît comme d'autres des mutations. La souche rare responsable de l'épidémie libère des toxines qui provoquent des hémorragies dans les intestins et dans les reins. La maladie toucherait près de 1 600 personnes en Europe, principalement en Allemagne. Les antibiotiques connus se révèlent inefficaces et même nocifs, puisqu'en mourant la bactérie libère encore des toxines mortelles.

Les scientifiques ont su, en l'espace de quinze jours, limiter les effets de la maladie et parviennent, quand elle est prise à temps, à enrayer sa progression. Mais pour vaincre cette épidémie, il serait nécessaire d'aller plus avant, et dans des délais les plus brefs possibles.

On ne peut que se réjouir de voir ainsi les meilleurs scientifiques mobilisés. Cela ne relève pas du miracle, mais des possibilités pour la science d'affronter, avec des chances raisonnables de succès, des situations imprévues.

Mais on ne peut s'empêcher de comparer les capacités de mobilisation scientifique et technique d'un pays comme l'Allemagne, qui en quinze jours peut faire face à une bactérie mutante, au dénuement des pays pauvres, dépourvus de tout face à des maladies, elles, bien connues et que l'on sait parfaitement vaincre. Ainsi, en Haïti, le choléra avait provoqué la mort de plus de 2 500 personnes fin 2010. Cette maladie, qui se soigne par des antibiotiques connus, touche en moyenne 300 000 personnes dans le monde chaque année et en tue 10 000, alors qu'on sait parfaitement la soigner ! Et c'est vrai de bien d'autres maladies comme la tuberculose, que l'on sait aussi soigner mais qui tue encore environ deux millions de personnes par an !

Les journaux peuvent faire leurs gros titres sur les prouesses des spécialistes mobilisés contre la bactérie E. Coli mais, plus que les bactéries, c'est l'inégalité sociale qui est dévastatrice.

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