Syrie : Le régime ne parvient pas à briser la contestation18/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2233.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

Syrie : Le régime ne parvient pas à briser la contestation

La révolte commencée le 15 mars dernier en Syrie dure maintenant depuis plus de deux mois. Au début du mouvement, les manifestants exigeaient la levée de l'état d'urgence et la fin du monopole politique du parti Baas, le parti du dictateur, Bachar Al-Assad. Ils réclament désormais la chute du régime, se heurtant à une répression qui aurait fait à ce jour 700 morts et entraîné au moins 8 000 arrestations dans tout le pays.

Vendredi 13 mai, le ministre de l'Information, Adnane Mahmoud, a bien annoncé l'ouverture d'un dialogue national pour sortir de la crise et le retrait graduel de l'armée des villes qu'elle occupe, notamment Banias et Deraa, mais le jour même la répression a à nouveau frappé dans plusieurs villes.

Dimanche 15 mai, les forces de sécurité ont bombardé la localité de Tall Kalakh, à 150 km au nord-ouest de Damas, près de la frontière avec le Liban. Les chars ont été déployés dans plusieurs quartiers. Ils ont tiré sur la population au moment où des centaines d'habitants tentaient de fuir vers le Liban faisant au moins sept morts. Le 16 mai, des villageois ont exhumé treize corps d'une fosse commune près de Deraa, la ville où le mouvement a commencé.

Non seulement les journalistes sont interdits de séjour afin que ce qui se passe en Syrie soit aussi mal connu que possible, mais les autorités refusent aux organisations humanitaires l'accès à plusieurs villes où la contestation et la répression ont été fortes, notamment Deraa, Lattaquié, Djablah, Banias et Douma.

Malgré les morts, les blessés, les quadrillages policiers, les arrestations, la brutalité du régime, le plus remarquable reste que la contestation ne fléchit pas et que la lutte se poursuit. Des Syriens à l'étranger rapportent ce que disent leurs correspondants sur place : « Nous n'avons pas peur. Les services de renseignements ont été envoyés, puis les chars et les blindés, mais ça ne résout rien, donc on va continuer. »

Certains opposants aimeraient que le Conseil de sécurité de l'ONU intervienne ou que soit agitée la menace d'une Cour pénale internationale « pour juger les criminels de ce régime en commençant par le chef de l'État ». Mais la population syrienne ne peut se faire d'illusions. Les grandes puissances, quand il leur arrive d'avancer sous le couvert de l'ONU, n'en continuent pas moins de défendre leurs intérêts et jamais ceux des peuples, même quand elles prétendent venir à leur secours. Les sanctions annoncées par les grandes puissances n'ont d'ailleurs rien changé, d'autant qu'il est patent qu'elles espèrent que le régime Bachar Al-Assad trouvera une porte de sortie. Le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, n'a pas dit autre chose quand, s'adressant au président syrien, il a déclaré dans le quotidien Al-Hayat, qu'« un régime qui tire au canon contre sa population perd sa légitimité. Nous souhaitons une Syrie stable mais nous pensons que la vraie stabilité n'est pas dans la répression. Elle est dans la réforme ».

Pour en finir avec cette dictature, la population en lutte ne doit rien attendre des puissants de ce monde et ne peut compter que sur sa propre détermination.

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