Israël - Palestine : La commémoration de la « Nakba », la sanglante répression de l'armée israélienne18/05/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/05/une-2233.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C166%2C228_crop_detail.png

Dans le monde

Israël - Palestine : La commémoration de la « Nakba », la sanglante répression de l'armée israélienne

Le 15 mai, des milliers de manifestants palestiniens, majoritairement des réfugiés venus de Syrie et du Liban, de Jordanie et de Gaza, se sont rassemblés sur le plateau du Golan, près de la frontière syro-israélienne, ainsi qu'à la frontière du Liban et d'Israël afin de rappeler que, soixante-trois ans auparavant, en 1948, des centaines de milliers de Palestiniens avaient été chassés de leurs terres, de leurs villages, de leurs maisons, lors de l'implantation de l'État d'Israël.

À Jérusalem-Est - ou un jeune de 16 ans a été tué - et jusque dans les rues de Tel-Aviv, des Arabes israéliens descendants d'exilés de 1948 ont aussi été nombreux à manifester en dépit de l'interdiction, demandant la fin de l'occupation des territoires, de la discrimination à leur encontre et le « droit au retour en Palestine ».

Cette année, les manifestants étaient particulièrement nombreux, encouragés par les mouvements de révolte qui traversent le monde arabe ou excédés par une situation d'apartheid qui dure depuis des décennies. Sur le Golan, des centaines de réfugiés de Syrie ont même commencé à franchir les clôtures, l'armée tentant de les en empêcher en ouvrant le feu. Son intervention face à de jeunes manifestants armés... de drapeaux palestiniens s'est soldée par la mort de quinze personnes, et trois cents blessés, selon le chef de l'état-major israélien qui a admis, à la radio, un « mauvais bilan ». Il faut dire que les images de militaires armés jusqu'aux dents tirant sur de jeunes manifestants, parfois à bout portant, ont choqué, y compris en Israël, ainsi que le déploiement impressionnant de forces militaires, comme les sept bataillons supplémentaires envoyés en Cisjordanie occupée.

Outre cette dépossession territoriale et cette expulsion massive, baptisées dans le monde arabe la Nakba - la catastrophe - les manifestants rappelaient, à quelques jours de la visite du Premier ministre Netanyahou aux États-Unis, la situation insupportable imposée aux habitants de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, sans parler des Gazaouis. Les gouvernements israéliens successifs ont poursuivi la politique de colonisation des terres, et Netanyahou encourage le mitage progressif des territoires par de nouvelles implantations de colons. Progressivement, Jérusalem-Est se trouve vidée de sa population arabe, obligée bien souvent de se contenter d'habiter des constructions illégales, en raison de l'étroitesse de la zone qui lui est autorisée.

Le quotidien Haaretz a récemment parlé, pour qualifier la poursuite de la politique de colonisation de la Cisjordanie, de « nettoyage ethnique ». Il a en effet révélé qu'entre 1967 et 1994, Israël avait fait appel à un procédé tortueux mais systématique pour réduire la présence palestinienne en Cisjordanie. Il consistait à parvenir à révoquer le droit de résidence des Palestiniens se rendant à l'étranger pour études ou pour un emploi, en leur délivrant un laisser-passer provisoire valable six ans, en échange de la remise de leur carte d'identité. Non avertis du risque encouru en cas de retard au retour, ils perdaient leur droit à résidence. Ce seul stratagème aurait permis de réduire la population palestinienne de Cisjordanie de 14 %.

À la suite des manifestations du 15 mai, le Premier ministre a décidé de débloquer les 62 millions d'euros de taxes dues à l'Autorité palestinienne, et gelées pour « punir » Mahmoud Abbas de sa réconciliation avec le Hamas. Quant au ministre de la Défense, Ehoud Barak, il a avoué à la télévision craindre une contagion, et pas seulement aux frontières.

La population palestinienne, niée dans son droit à l'existence sur sa terre, a en effet bien des raisons de chercher à faire entendre sa colère.

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