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- Lutte ouvrière n°2232
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Leur société
Toujours plus de prisons, toujours moins d'humanité
Le 3 mai, un rapport annuel du contrôleur général des lieux de privation de liberté, autrement dit les prisons, est paru. Il confirme une réalité bien connue : les conditions de vie y demeurent indignes.
La liste des griefs est longue : vétusté des locaux, surpopulation, insuffisance du personnel médical, non-respect de la confidentialité des examens médicaux et des entretiens avec les avocats, délais d'attente de plus de six mois pour un rendez-vous avec un psychologue, cellules où « on crève de froid puis on meurt de chaud », absence des familles et des associations, crédits pour la formation professionnelle fondant à vue d'oeil, etc.
Deux jours plus tard, le ministre de la Justice Michel Mercier annonçait la construction de 25 nouvelles prisons, afin de porter le nombre de places de 56 000 (pour 64 000 détenus) à 70 000 d'ici 2018.
Mais le contrôleur général, qui a visité des établissements récents, y constate malgré les locaux neufs « une régression sur le plan des relations humaines ». Le nombre de détenus par cellule est toujours de deux ou trois au minimum, sauf qu'au lieu de compter entre 150 et 200 détenus, les nouvelles prisons en regroupent de 600 à 900, et que le personnel n'augmente pas dans les mêmes proportions. La liberté de mouvement y est encore plus restreinte. Les détenus sont incarcérés de plus en plus loin de leur domicile et de leurs proches, et l'accès par les transports en commun n'existe pas toujours.
Le Syndicat des personnels pénitentiaires voit dans ces nouveaux établissements des « machines à récidive », sans compter des conditions de travail plus dangereuses et plus difficiles. D'ailleurs, le ministre n'a rien dit du nombre de postes qui seront créés pour faire fonctionner ces nouvelles prisons qui seront en revanche une manne pour un certain nombre d'entreprises privées. Car tous les nouveaux établissements seront construits et gérés dans le cadre de partenariats public-privé (Bouygues, Eiffage, Dumez). L'État versera environ 5,8 milliards d'euros de loyer sur 25 ou 30 ans, auxquels il faudra ajouter le coût des multiples systèmes de sécurité, des services comme la cantine (Sodexo), de la formation professionnelle et du travail en prison...
S'il n'y a pas d'augmentation des moyens mis en oeuvre pour aider les prisonniers à vivre dignement leur passage en prison et à se réinsérer, il n'y aura pas de véritable changement de la condition carcérale en France.