Grande-Bretagne : Le mariage princier, une insulte pour le monde du travail27/04/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2230.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans le monde

Grande-Bretagne : Le mariage princier, une insulte pour le monde du travail

1 900 invités, 7 000 journalistes, 5 000 policiers, des avions de combat et des hélicoptères, le centre de Londres sous haute surveillance - voilà ce que sera la parade ubuesque du 29 avril, pour le mariage du prince William et de Kate Middleton. Depuis deux semaines les médias aux ordres martèlent sans relâche à la population britannique les détails de cet événement supposé « ressouder la nation » après le choc de la crise.

Les « bavures » n'auront pas manqué. Ainsi, l'invitation du souverain de Bahreïn a soulevé un tel tollé qu'il a dû se « désister » - mais pas son collègue d'Arabie Saoudite, celui-là même dont les troupes ont envahi Bahreïn pour écraser les manifestations. Sans doute les contrats colossaux des marchands d'armes britanniques avec le régime saoudien y sont-ils pour quelque chose.

Non pas que le fait de faire couler le sang des pauvres rebute la monarchie britannique - pas plus aujourd'hui où elle n'est plus qu'une marionnette aux mains du grand capital qu'hier, à l'époque sanguinaire de l'Empire. Le prince William, peut-être demain le souverain des seize ex-colonies qui reconnaissent encore la couronne anglaise, ne réclame-t-il pas d'être envoyé en Afghanistan pour mater les opposants à l'occupation avec les canons de son hélicoptère ?

Mais surtout, l'aspect le plus scandaleux de cette grande messe nationaliste est certainement son coût - que le gouvernement s'est bien gardé de révéler, tout comme il n'a rien dit des bénéfices qu'en tireront les entreprises.

Pour répondre à l'hostilité compréhensible de la population laborieuse face à ce luxe arrogant, le 29 avril a été déclaré jour férié. Sauf que... la loi n'impose rien aux patrons. De sorte que même un sous-traitant de l'État comme le géant Kelly Services impose à ses salariés de prendre une journée sans solde !

Tant pis si tout cela doit grever le déficit budgétaire dû au sauvetage des banques, que les classes laborieuses doivent combler au prix d'une austérité brutale et de centaines de milliers d'emplois. Le million de foyers modestes qui vont voir leur allocation logement diminuer brutalement n'auront qu'à rêver aux centaines de millions gaspillés pour l'occasion. Quant aux 20 % de jeunes ouvriers de moins de 25 ans qui sont au chômage, ils pourront se consoler - ou exploser de colère ! - en calculant que la nuit d'hôtel passée par Kate Middleton, la veille du 29, aura coûté sept mois de leur allocation-chômage !

« Ressouder la nation » ? On voit mal comment cette parade grotesque le ferait. Mais peut-être donnera-t-elle une raison supplémentaire aux classes laborieuses, à qui la bourgeoisie veut faire payer la crise, de ressouder leurs rangs pour faire rendre gorge à tous ces parasites.

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