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Leur société
Disparition-fusion du « Défenseur des enfants » : Un dernier bilan éloquent
Le premier mai, le poste de Défenseur des enfants aura disparu, absorbé dans celui de Défenseur des droits qui regroupera aussi trois autres organismes jusque-là indépendants, le Médiateur de la République, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) et la Commission nationale de la déontologie de la sécurité(CNDS). Son activité était limitée et elle le sera encore plus.
Mais son dernier bilan a le mérite de rappeler, même si ce n'est pas nouveau, que les enfants souffrent, autant et même plus que les adultes, de la pauvreté et de la politique du gouvernement.
En effet huit millions de personnes, dont environ deux millions d'enfants, vivent en-dessous du seuil de pauvreté avec un revenu inférieur à 950 euros par mois, et la moitié d'entre elles avec moins de 773 euros. Elles habitent des logements insalubres ou surpeuplés avec les conséquences inévitables sur la santé et la scolarité, et la loi Dalo (Droit au logement opposable) est inefficace vu le manque de logements sociaux. La loi sur la protection de l'enfance de mars 2007 ne se met pas vraiment en place car « l'État ne transfère pas intégralement aux Conseils généraux tous les budgets nécessaires à cela » et celle sur l'intégration scolaire des enfants handicapés se heurte à l'absence d'équipements des locaux et d'auxiliaires de vie scolaire (AVS). Quant à la prise en charge thérapeutique des enfants et adolescents, en particulier ceux atteints de cancer qui ont fait l'objet d'un rapport récent, elle nécessiterait des créations de postes d'infirmiers, de psychologues et de pédopsychiatres, ce qui n'est absolument pas à l'ordre du jour du gouvernement.
Ce n'est pas une contestataire patentée qui s'exprime ainsi mais Dominique Versini, ex-secrétaire d'État dans le gouvernement Raffarin, devenue Défenseure des droits des enfants en 2006. Elle ajoute que si sur les 25 000 cas traités en cinq ans, elle a pu constater une certaine efficacité dans le domaine de la famille, pour les problèmes touchant aux séparations parentales conflictuelles, « force est de constater que les pouvoirs publics ont rejeté toutes les recommandations de la Défenseure des enfants qui pouvaient être un frein aux objectifs de réformes restrictives dans les domaines de l'immigration et de la justice des mineurs ».
Oui, la situation a empiré, pour les enfants des Roms qui voient détruire leurs abris, pour tous les enfants de familles étrangères qu'on place en centre de rétention avant de les expulser, pour tous ceux à qui, quelle que soit leur origine, la société n'offre aucun avenir ni scolaire ni professionnel, en réalité pour tous les pauvres, enfants et adultes, à qui le gouvernement et le patronat font payer la crise de leur système.