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- Lutte ouvrière n°2229
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Décret sur la pénibilité du travail : Les radiations ionisantes effacées d'un coup de gomme
Le 30 mars 2011 étaient publiés les décrets définissant la pénibilité au travail et donc permettant aux travailleurs cassés par ces travaux pénibles de partir à la retraite deux ans plus tôt que les autres.
Et il faut avoir été vraiment abîmé par le travail pour y avoir droit, puisqu'il faut justifier d'un taux d'incapacité permanente au moins égal à 20 % suite à un accident du travail ou à une maladie professionnelle. Ou, si le taux d'incapacité est compris entre 10 % et 20 %, il faut prouver qu'on a été exposé à des facteurs de pénibilité pendant au moins 17 ans.
Au mois de février, dans le projet de décret, trois types de facteurs de pénibilité étaient définis : les contraintes physiques marquées (charges lourdes, etc.), l'environnement physique agressif (agents chimiques, cancérogènes, amiante...) et certains rythmes de travail. Eh bien, dans le décret tel qu'il est paru le 30 mars, les rayons ionisants ont purement et simplement disparu de la liste des cancérogènes ! Interrogé, le ministère du Travail aurait répondu qu'ils ont été retirés suite à « des observations assez pertinentes du patronat » montrant qu'un dispositif de prévention existerait déjà ; et aussi parce que le nombre de personnes exposées serait « sans commune mesure par rapport à celles exposées à d'autres pénibilités, telles que les troubles musculo-squelettiques ».
C'est du cynisme, et même de la crapulerie ! 320 000 travailleurs sont exposés aux rayonnements ionisants dans les hôpitaux, les cabinets de radiologie, et aussi bien sûr dans les centrales nucléaires où les plus exposés sont les intérimaires et les salariés des sous-traitants. Le retrait des radiations de la liste des facteurs cancérogènes leur dénie le droit éventuel à une retraite anticipée au titre de la pénibilité. Et aussi il s'emploie à diminuer, à l'avenir, le nombre de cancers considérés comme professionnels puisque liés à l'exposition à la radioactivité. C'est exactement de cette façon que, pendant des années, les cancers professionnels dus à l'exposition à l'amiante ont pu être ignorés.