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- Lutte ouvrière n°2229
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Dans les entreprises
Alstom - Belfort : Leurs profits contre nos emplois
À la fin de l'an dernier, Kron, le PDG d'Alstom, a annoncé un plan de 4 000 suppressions d'emplois dans le secteur Énergie, dont cent à Belfort, uniquement des postes liés à la fabrication.
Les travailleurs menacés appartiennent à deux ateliers que la direction a décidé de fermer : 23 d'entre eux étaient à Isotenax (barres isolées d'alternateurs), atelier fermé depuis un an ; ils ont été dispersés ailleurs. Quant aux 77 autres, ils appartiennent à l'atelier des Ailettes (éléments de turbines vapeur), une fabrication que les dirigeants estiment non rentable à Belfort.
Lundi 11 avril, une soixantaine de travailleurs, principalement des Ailettes, avec la CGT du secteur, ont décidé de bloquer jour et nuit, au milieu de l'usine, le départ de deux convois exceptionnels - des corps de turbines, pour la centrale de Flamanville - mettant en avant leur opposition à la fermeture des Ailettes. Soutenue aussi activement par les militants FO d'autres secteurs, cette action a été bien vue dans le reste de l'usine, en particulier dans les ateliers du Transport où une pétition de soutien a été largement signée en quelques heures. Personne ne croit la direction quand elle dit qu'il n'y aura pas de départs contraints. Elle ne veut déjà pas muter les travailleurs d'Isotenax ou des Ailettes, qui sont seulement « prêtés » dans d'autres secteurs. Jusqu'à quand ?
De plus en plus pensent qu'Alstom a largement les moyens de reclasser tout le monde sur le site. L'année dernière, au moment de la fusion des deux filiales de l'Énergie dans lesquelles il y a précisément les suppressions d'emplois, Alstom a bénéficié d'une ristourne d'impôts de 66 millions d'euros, contre la promesse qu'il n'y aurait pas de réduction d'effectifs durant trois ans ! Et puis 1,2 milliard d'euros de bénéfices ont été dégagés l'année dernière. Il en faut toujours plus, aux Bouygues et autres principaux actionnaires. Et pour y arriver, c'est maintenant dans la filiale Transport que vient d'être annoncée la suppression de 1 380 emplois.
Pressée que le convoi parte et que la contestation de sa politique disparaisse de la cour de l'usine, la direction a assigné quatorze travailleurs en référé au tribunal le jeudi 14 avril. La juge a prononcé son jugement le lundi 18, le blocage étant alors maintenu jusqu'à cette date. Sans surprise, ce jugement favorable à Alstom demande la levée du blocage des convois exceptionnels dans les 24 heures, sous peine d'astreinte de 500 euros par jour et par salarié.
Le soir même, la vingtaine de travailleurs se retrouvant devant les convois ont décidé ensemble d'arrêter, et de reprendre le travail mardi 19 avril. Ils n'ont pas fait reculer Alstom ; ils n'avaient d'ailleurs pas trop d'illusions. Mais ils sont contents d'avoir montré qu'ils ne se laisseront pas mettre dehors sans réagir et la lutte n'est sûrement pas finie.