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- Lutte ouvrière n°2227
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République d'Irlande : L'économie et la population victimes de la dictature des grandes banques internationales
Le 31 mars, la coalition au pouvoir du parti de droite Fine Gael et du Parti Travailliste a annoncé le 5e plan de sauvetage bancaire irlandais depuis le début de la crise - et pas le moindre puisque 24 milliards d'euros de fonds publics seront injectés dans le système bancaire, soit plus de la moitié du montant des quatre sauvetages précédents. Du coup, la totalité du système bancaire irlandais passera sous contrôle étatique, avant d'être restructuré en deux banques.
Cette fois, ce sauvetage résulte d'une évaluation de la résistance des quatre banques non étatisées à une dégradation de la situation dans les deux ans, basée sur des hypothèses, vraisemblables aux yeux des experts, qui en disent long sur la gravité de la situation : une chute de 33 % des prix des logements (ils ont déjà baissé de 40 %) et un taux de chômage de 19 % (près de 15 % aujourd'hui). Sur cette base, on estime que ces banques auraient besoin de 24 milliards d'euros pour éviter la faillite, face à la montée des prêts immobiliers devenus irrécupérables.
En soi, un tel sauvetage ne garantit rien, puisque les précédents n'ont pas empêché de nouvelles pertes d'apparaître. Et ceci à la fois du fait du caractère aléatoire de toute prévision, dans un système capitaliste dont le fonctionnement est fondamentalement irrationnel. Mais aussi, parce que les grandes banques internationales plongent délibérément l'Irlande dans une spirale d'endettement dont elle ne peut sortir.
Si n'importe quel accord de surendettement prévoit le renoncement par le créditeur à une partie de ce qui lui est dû, ce n'est pas le cas pour l'Irlande. Le plan de sauvetage qui lui a été « offert » en novembre dernier par l'Union européenne et le FMI avait précisément pour objet d'éviter aux grandes institutions créditrices de l'État irlandais, mais surtout de son système bancaire, d'avoir à prendre la moindre perte à leur compte.
Du coup, les banques irlandaises se livrent à une coûteuse cavalerie pour faire face au service de leur dette, par le biais de prêts à court terme onéreux de la Banque centrale européenne (équivalant à 70 % du produit intérieur brut). Ce faisant, la BCE agit en représentant des intérêts des grandes banques européennes créditrices de l'Irlande, qui profitent d'autant plus de la situation qu'elles tirent aussi de confortables profits des prêts concédés par la BCE.
Toujours pour éviter à ces banques créditrices de subir la moindre perte, l'État irlandais renfloue ses propres banques (à hauteur de 45 % de son PIB), en empruntant, toujours aux mêmes grandes banques internationales, à des taux records, supérieurs à 11 % à la fin mars.
Ainsi l'économie irlandaise, dirigée par des politiciens qui ne conçoivent pas de s'en prendre aux intérêts du grand capital, sombre-t-elle dans un trou noir, et les classes laborieuses dans le chômage ou l'émigration, pour remplir les coffres des BNP, Barclays et autres.