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- Lutte ouvrière n°2227
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Leur société
Le Front National et la baisse des salaires : Le vrai responsable, le patronat, reste dans l'ombre
Marine Le Pen, à la suite de son père, accuse de nouveau les travailleurs immigrés d'être responsables de la baisse générale des salaires. Elle a encore réitéré, déclarant : « Comme l'ont confirmé toutes les études, 1 % d'immigration en plus, c'est 1,2 % de salaires en moins. »
Cette fois, l'originalité de Marine Le Pen est de vouloir asseoir cette ineptie, déjà ancienne, sur un rapport présenté en mai 2009 par le Conseil d'analyse économique, organisme qui dépend du Premier ministre. Il y est fait mention de deux économistes qui, à partir de données relevées aux États-Unis il y a une trentaine d'années, ont conclu qu'une augmentation de 1 % de la force de travail totale réduit de 1,2 % le salaire des moins qualifiés. L'imposture consiste à en déduire que ce serait l'immigration qui serait responsable de l'augmentation de cette force de travail. Or, il y a très souvent eu un certain surplus de la force de travail, qui n'est pas naturel mais lié au fait que le capitalisme n'embauche que la main-d'oeuvre dont il a besoin pour réaliser un maximum de profits.
Au début des années soixante-dix, quand les patrons comme Citroën ou les Houillères du Nord et de Lorraine prospectaient des villages au Maroc pour faire signer des contrats de travail, les discours officiels y voyaient un gage de prospérité. Encore aujourd'hui, dans le rapport cité par Le Pen, il est fait mention du rôle indispensable joué dans l'économie par les travailleurs immigrés. Leur arrivée sur le marché du travail, selon ce rapport, « est un choc d'offre positif qui se traduit par une création nette de richesses. Cependant, les immigrés ne récupèrent qu'une partie de cette richesse créée, la différence étant captée par les natifs. »
Ceux parmi les travailleurs qui croient distinguer chez Le Pen un côté contestataire à l'égard du gouvernement ne voient pas que l'un et l'autre cherchent les moyens de les diviser, donc de diminuer la capacité de résistance des travailleurs face à leur patron, ce qui ne peut conduire qu'à aggraver la baisse du pouvoir d'achat qui frappe tout le monde, sans distinction de nationalité. Marine Le Pen, comme le gouvernement, ne se préoccupe que du sort du patronat, français et étranger sans distinction, alors qu'au contraire toutes les raisons sont là pour que travailleurs français et immigrés s'unissent dans une lutte commune. L'urgence, c'est notamment d'empêcher que les salaires soient grignotés de plus en plus rapidement par l'augmentation des prix, dont les responsables sont les capitalistes.