Dimanche 27 mars, spectacle inhabituel dans toute la vallée de Chamonix au départ des téléphériques : cadres de direction et agents de maîtrise s'évertuaient à faire fonctionner les installations, en particulier les très touristiques télécabines de l'Aiguille du Midi et du Brévent. Mais on ne remplace pas comme cela plus de 150 grévistes qui s'étaient rassemblés devant la gare du Montenvers (le petit train de la mer de Glace) et plusieurs installations ont carrément dû fermer : c'était le cas du train à crémaillère, le célèbre Tramway du Mont-Blanc.

Ce qui a déclenché la grève, c'est le licenciement abusif d'un pisteur sur le domaine du Tour (hameau au-dessus de Chamonix). Mais la coupe était déjà pleine à cause des promesses non tenues par la direction de la Compagnie du Mont Blanc sur les embauches CDI de tous les « précaires » faisant plus de 270 jours à la Compagnie. Ras le bol également des salaires trop bas ! Ras le bol également du mépris d'une direction dont le représentant déclarait à la presse : « Ces revendications ne sont qu'un prétexte. (...) Pour la CGT, Chamonix deviendrait un laboratoire à l'instar de La Plagne, Courchevel ou Les Arcs. C'est normal, la CGT choisit des sociétés emblématiques, cependant je pense que 80 % de nos salariés ne voulaient pas ça. » Pour ces patrons, comme d'ailleurs une bonne partie de la clientèle très huppée de ces stations, il est insupportable que les travailleurs se fassent respecter en s'organisant.

Ah, si on pouvait revenir un siècle en arrière où ces braves paysans-montagnards courbaient la tête devant les « Monchus » cousus d'or !