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- Lutte ouvrière n°2225
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Nucléaire
La sous-traitance dans l'insécurité
Depuis une vingtaine d'années, EDF a renforcé sa politique de sous-traîtance, en ce qui concerne la maintenance de ses installations nucléaires. Ce qui n'est pas sans conséquences pour la sécurité des centrales et la santé des salariés de ces entreprises.
Tous les douze ou dix-huit mois, certains réacteurs doivent être arrêtés pour des travaux de maintenance. 25 000 à 35 000 travailleurs participent à ces travaux dans des zones dites « contrôlées », c'est-à-dire radioactives. Ils y effectuent des vérifications, réparations, modifications nécessaires au bon fonctionnement des installations.
Ces interventions exposent les salariés qui les effectuent à d'importantes radiations. Pour diminuer les coûts liés à cette exposition, notamment le coût d'un personnel nombreux pouvant se relayer souvent, les exploitants du nucléaire ont choisi de sous-traiter 80 % de ces opérations dangereuses et pénibles à plusieurs centaines d'entreprises et près de 20 000 sous-traitants. La sélection s'effectuant sur appels d'offres, la tentation est grande pour ces entreprises de tirer leurs prix vers le bas pour remporter les marchés, quitte à jouer sur la formation et les conditions de sécurité de leurs propres salariés. Et sur les salaires, qui excèdent rarement le smic.
La situation de ces salariés, directement affectés aux travaux sous rayonnement, est aggravée par le fait que ce sont souvent des travailleurs précaires et qu'ils se déplacent de centrale en centrale. Cela rend plus difficile le suivi de leur exposition aux rayons et l'identification des responsabilités en cas de cancer, maladie fréquente au bout de quelques années de travail dans l'industrie nucléaire. Du coup, ces malades sont rarement considérés comme victimes d'une maladie professionnelle.
Au-delà des catastrophes de grande envergure comme celles de Tchernobyl ou Fukushima, l'industrie nucléaire, du fait des choix de ses responsables, contribue ainsi à une catastrophe sanitaire silencieuse, d'une ampleur que certains spécialistes estiment comparable à celle de l'amiante.