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- Lutte ouvrière n°2225
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Autriche : Avec la fin du service militaire, celle du travail gratuit ?
Il y a quelques mois, le maire social-démocrate de Vienne, Michael Häupl, avait lancé l'idée de la suppression du service militaire, toujours en vigueur en Autriche. Depuis, la question fait toujours polémique, mais ce n'est plus véritablement la professionnalisation de l'armée qui fait débat.
De toute façon, la transformation des armées de conscription en armées professionnelles est quasi générale en Europe. C'est aussi le cas pour l'Autriche. Toujours officiellement pays « neutre », elle a envoyé des troupes en Afghanistan, au Tchad ou dans les Balkans, sous couvert de « maintien de la paix ».
Ce qui agite en fait les politiciens et les bourgeois autrichiens c'est que, parallèlement à la fin du service militaire obligatoire, il y aurait une suppression du service civil que choisissent chaque année près du tiers des jeunes appelés. Des milliers de postes dans les hôpitaux, dans les services aux personnes âgées ou dans les secours à la population civile risquent donc de devoir être pourvus moyennant salaire, ce que ne veulent pas de nombreux employeurs, de peur que cela entraîne une diminution des fonds publics disponibles dans lesquels peut puiser le patronat. Le président des chambres patronales, Christoph Leitl, patron lui-même et un des dirigeants du Parti Chrétien conservateur, est ainsi monté au créneau pour dire qu'il est pour la création d'un service civil obligatoire pour tous, jeunes hommes ou femmes, pour soi-disant leur permettre de se constituer une « expérience » avant d'entrer dans la vie active, mais en réalité pour que rien ne change par rapport à la situation antérieure.
La recherche du travail gratuit, ou le moins payé possible, est d'ailleurs une constante pour le patronat autrichien. En 2009, le nombre des heures supplémentaires est monté à 314 millions, dont un tiers non payées, ce qui correspond à 60 000 emplois gratuits.
L'Autriche offre certes la façade d'un pays riche, mais derrière il y a la montée du chômage et de la pauvreté : en témoigne la multiplication des « supermarchés sociaux », ouverts dans toutes les grandes villes du pays aux chômeurs, retraités et étudiants pauvres qui vivent avec moins de 912 euros par mois. Le pain y est certes gratuit, mais on y propose aussi et sans honte des produits périmés... à l'image du régime social qui les impose.