Procès de l'incendie du boulevard Vincent-Auriol : Les victimes n'ont droit qu'à une parodie de justice16/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2224.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Procès de l'incendie du boulevard Vincent-Auriol : Les victimes n'ont droit qu'à une parodie de justice

Les audiences du procès consacré à l'incendie du boulevard Vincent-Auriol à Paris, du 25-26 août 2005, qui avait fait 17 morts dont 14 enfants, ont été menées de manière indigne et scandaleuse.

Alors que, pour d'autres catastrophes importantes, on assiste ordinairement à des procès qui durent plusieurs jours, voire plusieurs semaines, cette fois-ci tout devait tenir en deux demi-journées. Avec par-dessus le marché des micros qui ne fonctionnaient pas et qui ont imposé un transfert de salle d'audience.

À l'origine du drame il y a eu, en 1992, l'installation de familles qui ne trouvaient plus à se loger. Elles avaient précédemment occupé le chantier voisin de la Grande Bibliothèque, alors en construction, sur le quai de la Gare, à Paris dans le 13e arrondissement.

Ni l'État, ni la Ville, ni la Préfecture de police, ni personne ne savait comment « se débarrasser » de ces familles. En fin de compte, la solution trouvée fut de réquisitionner, par la préfecture, un immeuble appartenant à La Poste, immeuble inoccupé et insalubre. La solution était censée n'être que provisoire.

Et pour se « débarrasser » encore davantage du problème, la gestion de l'immeuble fut confiée à l'association France Euro Habitat (Freha) dépendant de l'association caritative Emmaüs. Les autorités, après être parvenues ainsi à « refiler le bébé » à quelqu'un d'autre, s'en sont ensuite lavé les mains.

L'immeuble étant insalubre et habité par de nombreux enfants, la présence de peintures au plomb sur les murs posait de façon aiguë le problème du saturnisme. Pour y remédier, la Freha entreprit divers travaux, et en fin de compte le recouvrement des murs par des panneaux en contreplaqué. Personne, aucune autorité n'a alors posé le problème du danger d'incendie. D'ailleurs, qu'aurait-il fallu faire ?

Le problème est que le relogement promis n'a jamais eu lieu. Le provisoire s'est éternisé jusqu'à ce que, dans la nuit du 25 au 26 août 2005, le feu se déclare dans le local où étaient entreposées les poussettes des enfants. Il s'est communiqué au contreplaqué et une partie de l'immeuble a rapidement brûlé, causant 17 victimes.

Selon la police, l'incendie était criminel, mais on n'a jamais retrouvé le ou les incendiaires. Mais les a-t-on vraiment cherchés ?

Du coup, dans cette affaire, sont poursuivies l'association Freha ainsi que l'entreprise qui a posé les contreplaqués, mais ni l'État, ni la Préfecture, ni la Ville.

Il faut rappeler que, dans la même période, deux autres incendies ont eu lieu à Paris dans des habitats de ce genre, rue du Roi-Doré (sept morts dont quatre enfants) et à l'hôtel Paris-Opéra (25 morts dont onze enfants). Et dans tous les cas il y avait des familles logées dans des conditions indignes et dangereuses, et des autorités qui se moquaient bien du sort des populations pauvres réduites à vivre là.

Les proches des victimes, qui se sont portés parties civiles au procès, ont dénoncé cette mascarade. Le procès, prévu pour deux demi-journées, et qui finalement a dû être reporté - à une date inconnue - était une sorte de couronnement, témoignant de la légèreté de la justice - et pas seulement elle - s'agissant de juger une affaire dans laquelle sont morts 17 immigrés.

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