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- Lutte ouvrière n°2223
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Leur société
Les méfaits du gouvernement et des lois du marché
La crise du logement ne cesse de s'aggraver. Quelques chiffres figurant dans le rapport 2011 de la Fondation Abbé-Pierre sur « L'état du mal-logement en France » résument la situation catastrophique.
Actuellement, 3 millions et demi de personnes sont sans logement personnel ou sont très mal logées (à l'hôtel, chez des amis, dans des cabanes, etc.) ; 500 000 ménages sont en situation d'impayés de loyer et risquent de se retrouver à la rue un jour ou l'autre ; les loyers ne cessent d'augmenter et de fragiliser la situation des locataires. Le ministère du Logement analyse lui-même que l'augmentation a été de 2,7 % en 2010 et qu'en dix ans la hausse a été de plus de 28 % en moyenne (50 % à Paris), alors que les salaires sont restés à la traîne et que le chômage n'a cessé de croître.
La mise en chantier annuelle de logements sociaux était tombée, en moyenne, à 50 000 entre 1978 et 2003, alors que, selon le ministre du logement Benoist Apparu, « depuis 2004, on en fait 100 000 par an. Cette année, 131 509 ». Et de se féliciter : « C'est le record absolu depuis trente ans. » En fait, pour avoir une idée plus proche de la réalité quant au nombre de logements réellement « sociaux » mis en chantier, il faut déduire ceux qui ne sont qualifiés de sociaux que parce qu'ils sont financés par des prêts dits « locatifs sociaux », mais sont loués à des tarifs inabordables pour la moitié de la population, celle qui a les revenus inférieurs à deux fois le smic. Et puis il faut également déduire le nombre d'HLM détruits, car dans le programme de rénovation urbaine en cours seulement la moitié de l'offre détruite a été pour l'instant reconstruite. Il faut aussi retrancher le nombre d'appartements vendus (pas toujours en bon état) par les organismes d'HLM. Au final, le parc d'HLM a diminué de 32 000 logements entre 2000 et 2009 !
Les mises en chantier correspondant à des logements sociaux ne constituent qu'une petite partie de la construction de logements. L'effort global de construction portait sur 435 000 logements en 2007, 350 000 en 2010. Il a donc diminué. De plus, livrés en majeure partie aux lois du marché, les logements construits deviennent en grande partie inaccessibles financièrement pour tous ceux qui ont des rémunérations faibles ou même moyennes.
Pour résoudre la question du logement, il serait nécessaire de construire au moins 500 000 logements par an, et cela pendant plusieurs années. L'État n'en a pas la volonté politique, mais il en aurait les moyens, en embauchant directement dans tous les corps de métiers nécessaires, afin de construire à prix coûtant. De cette façon, les locataires n'auraient pas à supporter les profits des promoteurs-constructeurs comme Bouygues et compagnie.