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Dans les entreprises
SNCF : Les cheminots marocains réclament justice
Les plaintes déposées devant le tribunal des prud'hommes par plusieurs centaines de Marocains, salariés ou retraités de la SNCF, devraient être examinées à partir de mars prochain. Cela fait plusieurs mois que ces travailleurs ont dénoncé devant la justice les discriminations dont ils sont ou ont été victimes de la part de la direction.
Dans les années soixante-dix, plusieurs milliers de travailleurs marocains ont été embauchés par la SNCF, après avoir été recrutés dans leur région d'origine, à la suite d'un contrat entre la SNCF et l'Office national des chemins de fer marocains. Afin de pallier le manque de main-d'oeuvre qui sévissait alors en France, ils étaient embauchés pour effectuer des tâches parmi les plus dures et les plus ingrates : essentiellement, sur les triages, pour accrocher et décrocher, trier et déplacer les wagons de marchandises, de jour comme de nuit, par tous les temps, ou bien pour effectuer les opérations d'entretien sur les voies dans les services d'équipement. Mais sous prétexte que ces travailleurs étaient de nationalité étrangère, ils n'ont pas bénéficié du statut de cheminot. Leur contrat de travail est resté de type privé, dit PS25. Pour eux, aucune possibilité de changer de qualification et donc d'obtenir les augmentations de salaire liées à une progression dans les échelons ; pas question de prendre leur retraite avant 60 ou 65 ans (55 ans pour les cheminots au statut) ; un montant de retraite inférieur à celui des autres cheminots ; pas de médecine du travail.
Les choses se sont un peu améliorées au début des années quatre-vingt, avec l'accès à la médecine du travail et une petite possibilité de progresser dans l'échelle des qualifications. Mais le montant des retraites est resté très en retard par rapport à celui des autres cheminots, tout comme leurs salaires d'ailleurs, avec un déroulement de carrière quasiment bloqué au niveau le plus bas.
C'est contre cette injustice criante que s'élèvent ceux qui ont déposé plainte devant la justice prud'homale et qui réclament une indemnisation estimée par leur avocat entre 300 000 et 400 000 euros par personne. La SNCF tergiverse et fait tout son possible pour retarder les audiences. Mais ces discriminations et cette inégalité de traitement sont inadmissibles au sein d'une même entreprise, où des salaires et des retraites équivalents seraient la moindre des choses. Et il faudra bien que la SNCF finisse par le reconnaître.