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- Lutte ouvrière n°2221
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Dans les entreprises
Après une explosion de gaz en 2005 : Amende requise contre GDF et... prison avec sursis pour un salarié
Le procès à propos d'une explosion de gaz meurtrière à Saint-Quentin, en 2005, vient de se tenir dans cette ville. Le jugement sera rendu le 29 mars mais le réquisitoire du procureur a déjà eu lieu.
Le 14 juin 2005, une entreprise de travaux public, Gorez, effectuait des travaux d'assainissement à l'aide d'une petite pelleteuse. Déjà le matin, quelques heures avant le drame, une première fuite de gaz a eu lieu. L'après-midi, la pelleteuse arrache une canalisation de gaz en plomb, contenant un tuyau en polyéthylène. Aussitôt un des deux ouvriers de Gorez téléphone à GDF, qui envoie quelques minutes plus tard deux de ses employés. Le tuyau est « maté », c'est-à-dire compressé, afin de bloquer la fuite, ce qui se fait assez bien avec des tuyaux en plomb, mais le gaz s'échappe par le tuyau intérieur en polyéthylène et envahit le sous-sol d'une habitation. Les employés de GDF tentent de parer au plus pressé pour colmater la fuite, sans installer sur-le-champ un périmètre de sécurité. Tout se joue en quelques minutes. Lorsqu'une habitante de la maison en question veut rentrer chez elle, nul ne l'en dissuade. Et c'est à ce moment que l'explosion se produit, tuant quatre personnes, cette habitante, deux ouvriers de chez Gorez et un des deux employés de GDF, l'autre et plusieurs personnes étant blessés.
Dans ce drame, il y a un ensemble de responsabilités, plus ou moins mises en évidence dans le procès. Tout d'abord il y a celles de GDF, qui ne dispose pas de plans fiables de ses canalisations et qui ne forme pas son personnel comme il le faudrait pour des interventions d'urgence. L'ouvrier survivant de GDF n'avait que 23 ans au moment des faits.
D'autre part l'entreprise de travaux publics ne s'était pas renseignée au sujet des canalisations de gaz et ses salariés ne savaient pas exactement quoi faire en cas d'incidents de ce genre, pourtant fréquents. On pourrait ajouter que la mairie de Saint-Quentin n'a pas envoyé un maître d'ouvrage pour superviser les travaux.
Le procureur a réclamé 300 000 euros d'amende à GDF et 15 000 euros à Gorez. C'est peu pour quatre morts, même si c'est une demande record relativement aux divers procès mettant en cause GDF en cas d'explosion. Mais ce qui scandalise les salariés de GDF est que le procureur a requis quatre ans de prison avec sursis contre le salarié de GDF survivant, reportant ainsi la responsabilité sur lui.
En réalité, malgré l'apparente lourdeur de la sanction réclamée contre GDF, même si le tribunal l'entérine elle restera peu de chose et sera loin d'être dissuasive envers GDF et les diverses sociétés de travaux publics, pour les obliger à respecter effectivement les règles de sécurité dans un domaine où les accidents sont très fréquents.