PSA-Rennes : Une grève et un premier succès16/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2220.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans les entreprises

PSA-Rennes : Une grève et un premier succès

Depuis quelques années, la direction de l'usine PSA de La Janais, près de Rennes, s'est engagée, comme tout le patronat de l'automobile, dans une série d'attaques contre les conditions de travail. Elle a réussi à faire passer les effectifs de 8 000 à 5 800 personnes entre 2008 et 2010 sur la base de départs volontaires. Elle a restructuré les lignes de montage avec une charge de travail accrue sur les postes.

Elle est en train de mettre en place une équipe de nuit avec une rémunération équivalente à celle du travail de jour. Elle exerce une pression constante sur chacun, en essayant de nous persuader que l'entreprise est menacée par la concurrence et que notre seul espoir est de réussir le lancement de sa nouvelle voiture, la 508.

Dans ce contexte, le ras-le-bol grandissait et la tension montait sur les lignes de montage depuis plusieurs mois. Il est arrivé souvent que les demandes individuelles de renfort soient satisfaites, tant la charge de travail sur les postes est lourde. Et ces dernières semaines, ici et là, on parlait de débrayer.

Jeudi 10 février, lorsqu'un débrayage a été organisé à l'initiative de la CGT, très vite chacun s'est rendu compte qu'il se passait quelque chose de rare dans cette usine. Progressivement le rassemblement a grossi pour se stabiliser à plus de 200 ouvriers du Montage, le secteur le plus concerné. La ligne de production a été perturbée jusqu'à la débauche.

Le lendemain, l'équipe du matin s'est organisée pour débrayer à 11 h, plus de 300 travailleurs répondant à l'appel. Surprise, la direction a tenté de faire tourner la boutique en mettant des chefs au travail, mais cela n'a pas empêché l'arrêt de la production, d'autant qu'au changement d'équipe la grève s'est poursuivie jusqu'au soir. Dans l'atelier de montage, l'ambiance était chaude et rythmée par les slogans tels que « La force des travailleurs, c'est la grève », « Sans nous, pas de bagnoles », et les revendications du mouvement : « Augmentez les salaires, pas la charge de travail », « Et un, et deux, et trois cents euros ».

Pour faire face, la direction a envoyé ses cadres pour qu'ils discutent le plus poliment possible avec les grévistes et expliquent qu'ils comprenaient les revendications, mais qu'il ne fallait pas mettre l'usine en danger. Elle a proposé, dans un premier temps, de réduire la vitesse de ligne de 46 à 44 voitures par heure, mais cela n'a pas convaincu les grévistes, si ce n'est quelques militants du syndicat FO qui s'étaient joints tardivement à la grève. Il lui a fallu aller plus loin et elle a fini par concéder 21 postes de travail complémentaires par équipe. Mais pour l'ensemble des grévistes ce n'était pas suffisant. La journée s'est terminée avec une production nulle.

Le lendemain samedi devait être travaillé, pour récupérer une journée chômée de 2010, et la direction ne l'a pas annulé ! Après les mouvements des jeudi et vendredi, il n'était pas question de produire ce jour-là. La grève s'est donc poursuivie et un nouveau slogan a été crié dans les allées : « Aujourd'hui dans la grève, lundi on continue ».

Lundi matin 14 février, la grève a donc été reconduite. Bien que le nombre de grévistes ait été plus faible, la direction a fait de nouvelles concessions, ajoutant deux postes par équipe et faisant un geste pour indemniser les jours de grève. C'est suite à ces nouvelles concessions que les travailleurs ont voté la reprise du travail pour le mardi 15.

Dans cette usine réputée pour la puissance de la domination patronale, s'être retrouvé si nombreux en grève, à arrêter la production, à faire face tous ensemble aux chefs, a été une grande victoire morale. Personne ne s'y est trompé. À voir les chefs tous gentils au point d'en être mielleux, les travailleurs ont senti combien ils peuvent se faire craindre et faire en sorte que la peur change de camp. Certains en ont même pleuré de joie et d'autres ont dit: « Depuis trente ans que je travaille ici, c'est le plus beau jour de ma vie ! » Et voilà qui aide les travailleurs à se sentir plus forts pour la période à venir.

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