Michelin a annoncé vendredi 11 février des profits plantureux : 1,7 milliard d'euros de « résultat opérationnel » et un bénéfice net de 1,05 milliard d'euros. Ces résultats, salués par la presse économique, dépassent les prévisions. Ce bénéfice est un record pour le groupe Michelin, 30 % plus élevé que son record précédent.

Les actionnaires seront donc à la fête cette année, puisque leurs dividendes vont exploser. Ils vont toucher 314 millions d'euros, plus que les deux années précédentes réunies, et 37 % de plus qu'en 2007, avant la crise, qui était jusque-là la meilleure année pour eux.

Par contre, les salaires sont loin d'avoir augmenté de 37 % en trois ans. Cette année, les ouvriers devraient se contenter de 1,4 % d'augmentation générale. Et les autres catégories de personnel sont soumises à la bonne volonté de leur hiérarchie puisqu'elles n'auront encore pas d'augmentation générale.

« L'année 2010 a été marquée par une forte croissance, une flexibilité accrue, un niveau de rentabilité », s'est réjoui Michel Rollier, le patron du groupe Michelin. En effet, c'est par la flexibilité, la précarité, l'augmentation des cadences et la dégradation des conditions de travail que ces résultats ont été obtenus. Les dirigeants ne comptent pas s'arrêter là puisqu'ils prévoient d'ici 2015 d'augmenter la production du groupe de 25 % et d'atteindre un résultat opérationnel « nettement supérieur à 2 milliards d'euros ». Et ils promettent des dividendes 30 % supérieurs à ceux d'aujourd'hui.

Rollier a profité de l'occasion pour annoncer qu'il va passer la main d'ici deux ans à la tête du groupe. Mais il ne partira pas les mains vides. Depuis qu'il est à la direction, en cinq ans, il a reçu plus de 15 millions d'euros. Et pour la seule année 2011, il devrait toucher près de 8 millions de plus.

Avec ses profits, Michelin aurait largement de quoi augmenter tous les salaires de 350 euros. Mais il pourrait aussi transformer tous les emplois précaires en CDI et embaucher des milliers de salariés, ce qui permettrait de diminuer les cadences et de mettre un terme à la dégradation des conditions de travail. Mais cela, les travailleurs devront l'imposer.