Le 15 février à Paris, à 9h 30, les occupants du bâtiment du 22, avenue Matignon, appartenant à AXA, ont été fixés sur leur sort par décision du tribunal du 8e arrondissement : expulsion immédiate et sans délai.

Depuis le 27 décembre 2010, une trentaine de membres du collectif Jeudi Noir (travailleurs précaires, étudiants et familles mal logées) habitaient à ce 22, avenue Matignon.

Si cette occupation leur a offert un répit au coeur de l'hiver, elle visait surtout à dénoncer l'indifférence du gouvernement vis-à-vis de la crise du logement, qui s'aggrave à mesure que gonfle la bulle immobilière. Elle visait aussi à dénoncer la spéculation immobilière des grands groupes financiers, dont AXA fait partie.

Le collectif Jeudi Noir demandait à AXA une convention de bail précaire, pour faire valoir le droit au logement, et non le droit de ne rien faire de sa propriété. Mais quand on dit ne rien faire, on dit vraiment ne rien faire. AXA, propriétaire de ces 2 500 m2 au coeur du « Triangle d'or » à Paris dont le prix atteint environ 20 000 euros le mètre carré, laissait cet immeuble vide depuis 2007. Ce serait, paraît-il, pour obtenir la cotation maximum des agences de notation que les grands groupes laissent libres des milliers de mètres carrés, car cela serait considéré comme des liquidités.

C'est donc au nom de la propriété privée que le tribunal a ordonné l'expulsion au plein coeur de l'hiver. Mardi 15 février au soir, Jeudi Noir appelait à un rassemblement avenue Matignon. Les policiers, en grand nombre, empêchaient de rentrer dans l'immeuble. Des représentants de partis politiques et la CGT-AXA ont exprimé leur solidarité aux occupants, dont Nathalie Arthaud pour Lutte Ouvrière.