À l'Arsenal de Lorient, devenu DCNS depuis la privatisation du chantier naval, le mécontentement latent s'est transformé en colère quand nous avons eu connaissance des premières propositions d'augmentation de salaire lors de la négociation annuelle obligatoire. Il y avait de quoi, puisque la direction proposait 0,8 % d'augmentation générale.

Voilà déjà quelques semaines que dans l'entreprise, en particulier à la production, il y en avait assez des pressions diverses. Les conditions de travail se dégradent, les chefs se permettent de faire des réflexions. Il faut, selon ces messieurs, « tenir les délais » coûte que coûte. Alors, les 0,8 %, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Depuis une dizaine de jours à l'appel de l'intersyndicale, tous les matins de 7 h à 10 h 30, 300 à 400 travailleurs sur 2000 se retrouvent pour bloquer les coupées permettant d'accéder aux frégates. Puis ils se regroupent sur le pont entre les deux rives du chantier, pour décider de la suite à donner le lendemain. Un matin, ce sont même toutes les portes qui ont été bloquées quelques heures avant que tout le monde se rassemble.

Il y avait des mouvements dans tous les arsenaux car, en même temps, se déroulait une nouvelle réunion de négociation. La direction a proposé que les salariés de droit privé aient 1,35 % d'augmentation et une vague compensation pour arriver à hauteur de l'inflation, chiffrée à 1,7 %. Même si cette proposition est apparue comme un premier recul dû à notre action, c'est nettement insuffisant. D'autant plus que les ouvriers d'État ont toujours leurs salaires gelés par décision du ministre de la Défense, comme aussi les fonctionnaires.

Les rassemblements aux coupées continuent donc, bien déterminés.