Les organismes et les analystes estiment que les salaires ont subi un sérieux coup de frein en France en 2010. Une fois l'inflation déduite, ils n'auraient progressé que de 0,3 %.

La raison principale en est la pression du chômage. Un économiste de BNP Paribas constate : « Les entreprises n'ont pas besoin d'augmenter beaucoup plus les salaires pour garder leurs salariés. » Réduire les emplois et utiliser des travailleurs précaires ou mal payés, permet de faire pression sur les salaires pour restaurer ou augmenter les profits.

Mais cette progression de 0,3 % est elle-même discutable. Les chiffres officiels de l'inflation sont toujours inférieurs à la réalité, en raison du choix et du poids relatif des éléments qui entrent dans le calcul. Et puis il s'agit de moyennes. Or l'inégalité des salaires s'accroît. Les salaires des hauts cadres et des dirigeants d'entreprise s'éloignent toujours plus des salaires d'ouvriers et d'employés.

Enfin, comment raisonner sur les salaires sans prendre en compte ce que touchent les retraités et les chômeurs ? C'est l'ensemble qui constitue le revenu global de la classe ouvrière, ce avec quoi elle doit vivre. Or ce revenu global est en baisse, ce que traduisent la baisse de la consommation populaire et parallèlement la hausse des profits. C'est pourquoi 75 % des salariés estiment « avoir fait des efforts durant la crise, qui ont été mal, voire pas du tout récompensés », selon un sondage de l'Ifop.

Augmenter les salaires, les retraites, réduire le chômage et la précarité, c'est une même lutte pour donner à la classe ouvrière un meilleur rapport de forces face à ses exploiteurs.