Magistrats et policiers se rebiffent10/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2219.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Leur société

Magistrats et policiers se rebiffent

Nicolas Sarkozy n'en finit plus de faire de la surenchère sécuritaire sur les faits divers les plus horribles. Cette fois-ci, à propos de l'affaire de Laëtitia, assassinée dans la région nantaise, il a dénoncé des « dysfonctionnements graves côté justice et côté police » et promis des sanctions contre « ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute ».

On ne sait pas bien si ses propos ont plu à son public, comme c'était le but, mais ils ont en tout cas déplu aux magistrats et aux policiers. Les magistrats de Nantes se sont mis en grève le 3 février, ils n'assurent plus que les audiences urgentes. L'Union syndicale des magistrats (USM) a appelé à étendre ce mouvement à toute la France et à manifester le jeudi 10 février. Deux syndicats de policiers ont exprimé leur solidarité avec les magistrats.

Les magistrats s'élèvent contre le fait que la justice manque de moyens financiers, donc de locaux et de personnel pour assurer les tâches dont ils ont la responsabilité. Même dans ce domaine, les gouvernements successifs n'ont jamais cessé de faire des économies. Le résultat, c'est qu'une partie de leurs lois ne peuvent plus avoir de suite. Pourtant ce n'est pas ce dysfonctionnement-là que Nicolas Sarkozy dénonce, mais de prétendues fautes individuelles. On comprend la colère des magistrats et des policiers, dont la majorité n'est pas de gauche, ni même dans une quelconque opposition. Le président leur reproche les conséquences d'une politique d'économies qu'il orchestre lui-même.

Le gouvernement supprime actuellement des fonctionnaires dans tous les secteurs. Les protestations des CRS récemment, la grève des magistrats maintenant montrent qu'il n'épargne même pas ceux qui lui servent à maintenir l'ordre social. Cela ne suffira malheureusement sans doute pas à remettre en cause cet ordre.

Mais cela permet sans doute à ces magistrats et à ces policiers de mieux connaître les raisons des protestations des femmes et des hommes des milieux populaires.

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