Guy Noël Production - Ambérieu-en-Bugey (Ain) : Altrad peut et doit payer !10/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2219.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans les entreprises

Guy Noël Production - Ambérieu-en-Bugey (Ain) : Altrad peut et doit payer !

Le 2 février, les 44 ouvriers de l'entreprise Guy Noël Production à Ambérieu-en-Bugey, dans l'Ain, se sont mis en grève pour s'opposer à la fermeture de leur usine.

Ils produisaient il y a quelques années jusqu'à 100 000 bétonnières par an pour les particuliers ou des petits artisans. Les conditions de travail, sur des presses d'emboutissage, un tunnel de peinture ou des postes de soudure, sont difficiles et les salaires ne sont pas mirobolants : 1 300 euros net après quinze ans d'ancienneté.

L'usine a été rachetée en 2007 par le groupe Altrad, spécialisé dans le matériel de construction et de BTP, qui emploie plus de 3 000 salariés dans le monde, surtout en Europe.

En juin dernier, les ouvriers ont reçu un coup de massue : l'annonce de la fermeture programmée de l'usine. Le groupe invoquait la crise, la chute des ventes et la nécessité de « rationaliser la production ». En clair, il préférait produire dans ses usines de Hongrie ou de Croatie, où les salaires sont trois ou quatre fois plus bas. La direction a proposé un reclassement dans une usine de la Loire. Mais, outre que personne n'envisageait d'aller travailler à plus de 150 kilomètres de chez lui, cette proposition était entièrement bidon : cette usine est vétuste et saturée, sans aucune perspective de développement. Ce n'était rien d'autre qu'une proposition obligatoire avant une procédure de licenciement.

Les ouvriers ont d'abord pris avec soulagement les reports successifs de fermeture, quatre en tout depuis juin 2010. Mais quand la direction, qui a quasiment déserté l'usine, a annoncé que la production s'arrêterait le 4 mars, puis que les salariés devraient attendre chez eux la fermeture administrative de l'usine après avoir assemblé les dernières pièces et nettoyé les ateliers, la colère l'a emporté. Les ouvriers se sont mis en grève. Beaucoup estiment que l'urgence est maintenant d'obliger Altrad à payer des indemnités extra-légales. Ils ont prévu d'aller les exiger le 10 février en se déplaçant tous au siège du groupe à Montpellier.

Il est sûr que le groupe a les moyens de payer. Son chiffre d'affaires dépasse les 440 millions d'euros, en progression de 13 % l'an dernier. Son fondateur, Mohed Altrad, qui se targue dans une biographie d'être né dans une famille de pauvres bédouins éleveurs de chèvres dans le désert syrien, est aujourd'hui classé au 380ème rang des fortunes françaises par le magazine Challenge, qui l'évalue à 75 millions d'euros. Ce n'est ni par miracle ni en élevant des chèvres qu'il s'est enrichi ainsi, mais en rachetant des usines, de plus en plus grosses, chaque année depuis vingt-cinq ans, et surtout en exploitant ses ouvriers.

À défaut de maintenir l'usine d'Ambérieu avec tous les emplois, le minimum est qu'il indemnise décemment les ouvriers licenciés.

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