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- Lutte ouvrière n°2218
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Dans les entreprises
Plastyrobel - Riom (Puy-de-Dôme) : Une grève victorieuse
Chez Plastyrobel à Riom, près de Clermont-Ferrand, 70 travailleurs fabriquent des pièces en plastique et polystyrène et des emballages, pour des salaires proches du smic et un syndicat CGT vient de se créer, avec des délégués tout juste élus.
La décision de se mettre en grève pour 50 euros d'augmentation pour tous a été prise et, lundi 24 janvier au matin, c'est la totalité de la production qui a été arrêtée : 100 % de grévistes ! Seuls quelques hauts cadres sont restés solidaires du directeur. L'entrée de l'usine a été bloquée avec des palettes. Plus rien ne sortait et les semi-remorques qui venaient n'avaient plus qu'à repartir à vide. Le directeur a proposé 20 euros d'augmentation et le reste en tickets restaurant. Ça ne fait pas le compte, les traites à payer ou la facture d'électricité en tickets restaurant, ça va faire rigoler la banque. L'occupation s'est poursuivie toute la journée et toute la nuit. Il ne faisait pas chaud mais les palettes, ça brûle bien dans les bidons et ça réchauffe.
Le lendemain matin le patron convoquait les délégués dans son bureau pour discuter. Mais ça ne marche pas comme ça. Pour tout le monde, c'était à lui de venir s'expliquer et il a bien fallu qu'il s'exécute. Il a donc fait un cours d'économie, tableau à l'appui, debout sur le quai de chargement, sur l'impossibilité de lâcher plus sans risquer de mettre l'entreprise en péril et avec des licenciements. Les actionnaires, ces héros, mettaient de l'argent dans l'entreprise depuis quatre ans pour permettre à celle-ci de vivre. Cela a réussi à fâcher tout le monde, d'où notre colère après des années d'exploitation, de salaires de misère pour lui payer son salaire et celui de ses cadres. C'est dix fois ce que gagnent les grévistes, tout ça pour que ces messieurs restent bien au chaud dans leur bureau avec des fauteuils confortables, pendant que eux gerbent des palettes à la main dans le froid.
Alors, ses tickets restaurant, il pouvait se les garder : ça ne paye pas les retraites ou les arrêts-maladie. Le patron est resté debout sur son quai et tout le monde est retourné autour du feu.
Vers midi il est réapparu et il n'avait plus la même tête. Il proposait 45 euros brut, soit 39,50 euros net d'augmentation, et l'engagement d'ouvrir des négociations. Les grévistes l'ont prié de s'écarter pour pouvoir en discuter entre eux. Un débat s'est engagé pour savoir si le vote se ferait à main levée ou pas. Finalement cela s'est fait à bulletin secret et ceux qui n'étaient pas là ont été contactés par téléphone pour qu'ils se prononcent. La proposition a été acceptée par 30 voix, et 25 pour continuer la grève.
Ce qui n'était pas possible le matin le devenait à midi et cela a été ressenti comme une victoire. Dans ce mouvement, beaucoup faisaient grève pour la première fois et se sont rendu compte qu'ils pouvaient compter les uns sur les autres. Comme disait une gréviste qui a sorti au patron tout ce qu'elle avait sur le coeur :« C'est lui qui a baissé les yeux le premier, pas moi. »