C'est en partie par des gains de productivité sur le dos de ses salariés qu'AXA est devenu l'un des premiers groupes d'assurance au niveau international, avec des bénéfices se montant à 3,5 milliards d'euros en 2009, et un PDG, Henri de Castries, qui figure en cinquième position des patrons du CAC 40 les mieux payés, avec 5,6 millions d'euros de revenu annuel !

En effet, depuis des années, la direction d'AXA poursuit son plan de suppression des emplois administratifs. Dans de nombreux services, le sous-effectif s'aggrave en continu avec le non-remplacement des départs en retraite. Les maîtres mots sont « industrialisation » et « mutualisation ». Dans de nombreux secteurs, les dossiers sont entièrement informatisés, il n'y a plus de support papier. Ainsi, l'activité peut à volonté être sous-traitée, délocalisée, externalisée dans des entreprises ou des pays, comme le Maroc, où les salaires sont inférieurs. La direction gère aussi le sous-effectif en transférant l'activité d'un site à un autre par une simple opération informatique, et de nombreux services travaillent en plates-formes téléphoniques.

À ceci s'ajoutent les pressions quotidiennes : les délais de traitement, le nombre de dossiers traités, le nombre d'appels téléphoniques. Pour la direction nous n'en faisons jamais assez, et elle organise des heures supplémentaires quand elle en a besoin... avec tous les chômeurs qu'il y a !

À AXA, les jeunes en apprentissage sont nombreux dans les services, mais très peu sont recrutés à la fin de leur formation. Les prestataires extérieurs sont aussi en nombre important. Et dans certains secteurs la direction fait appel ponctuellement à des CDD. C'est la précarité organisée !

Quand aux salariés commerciaux qu'AXA recrute en CDI, les rémunérations sont si basses et les objectifs de placements si difficiles à atteindre qu'ils se retrouvent rapidement dehors pour insuffisance de production, ce qui revient à accroître encore la précarité.

Récemment, pour augmenter encore ses profits, AXA a décidé de fermer la plupart de ses établissements parisiens. Ainsi les employés qui travaillaient à Saint-Lazare ont été transférés à Nanterre (Hauts-de-Seine) ou à Val-de-Fontenay (Val-de-Marne), sur la ligne A du RER. De même pour ceux qui travaillaient à Courbevoie. Nanterre, avec maintenant près de 6 000 salariés, devient ainsi le plus grand site AXA au monde !

À la dégradation des conditions de travail s'ajoute donc celle des conditions de transport. Tous les jours, matin et soir, c'est le passage obligé, pour la plupart d'entre nous, par la ligne A du RER, la plus chargée d'Europe. Sur les quais, des « pousseurs » employés par la RATP ont pour rôle de faire entrer le maximum de gens dans une rame pour « réguler les flux ». C'est donc l'entassement et aussi une fatigue accrue, d'autant plus que le temps de trajet s'est allongé.

La direction, se servant du chômage actuel, voudrait nous faire accepter la dégradation de nos conditions de vie et de travail. Pour elle, nous ne serions qu'un « coût ». Reste que c'est nous qui faisons tout tourner dans les services et que cela fait notre force !