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- Lutte ouvrière n°2215
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Leur société
Maisons à 100 000 euros : Borloo a fait de la mousse jusque sur les murs
Murs fissurés, conduits de cheminée qui fuient, volets qui ne ferment pas, gouttières non raccordées au réseau, installation électrique non conforme : quatre propriétaires ont assigné un promoteur immobilier pour malfaçons devant le tribunal du Havre. Les plaignants sont des « bénéficiaires » de ces « maisons à 100 000 euros » annoncées en fanfare il y a cinq ans par Borloo, alors ministre du Logement.
C'était promis, Borloo allait sortir les pauvres des difficultés de la vie en leur permettant de devenir propriétaires. Ils pourraient voir leurs enfants grandir dans une maison d'au moins 85 m², éventuellement agrémentée d'un jardinet et naturellement conforme aux exigences d'un « développement durable », etc.
Au lieu des 20 000 maisons annoncées, on sait maintenant que 600 seulement seront finalement construites. Il est vrai que l'essentiel était de permettre à un ministre de se faire mousser, même si maintenant la mousse est apparemment sur les murs des maisons. Borloo répète ainsi l'exploit d'un de ses devanciers, Chalandon, ministre de De Gaulle, responsable d'un programme de construction de maisons individuelles à bon marché construites au début des années 1970, les « Chalandonnettes » qui ont été réputées surtout pour leurs matériaux non fiables.
Quand des gens aisés « font construire », ils commencent par prendre un architecte qui dresse les plans et peut aussi avoir l'oeil sur le déroulement des travaux. Mais quand un ministre promet à des gens de milieu modeste de devenir propriétaires, l'État se décharge sur la commune pour choisir, par appel d'offres, un promoteur qui désignera ensuite comme bon lui semble le maître d'oeuvre. Et tant pis si la qualité n'est pas au rendez-vous dans la maison à 100 000 ou 150 000 euros, livrée aux « heureux » propriétaires qui auront pris un crédit pour trente ans !
Borloo est sans doute une caricature, mais elle montre bien comment les sommets de l'État prennent en compte les soucis de logement des milieux populaires.