Tramway de Toulouse : Grève pour les salaires08/12/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/12/une-2210.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans les entreprises

Tramway de Toulouse : Grève pour les salaires

À Toulouse, il y a plus de 500 bus, deux lignes de métro (sans conducteur), et maintenant une toute nouvelle ligne de tramway, qui devait être inaugurée en grande pompe le samedi 27 novembre. Mais cette inauguration a finalement été annulée la veille.

L'ensemble de l'activité transports, dénommée Tisséo, emploie près de 2 400 personnes, dont près de 1 300 conducteurs de bus. Elle regroupe deux structures, le SMTC et l'EPIC.

Le SMTC (Syndicat mixte des transports en commun) est propriétaire de l'ensemble des biens : bâtiments, bus, métro. Le président de cette structure est le maire socialiste de Toulouse. L'exploitation et le fonctionnement de l'ensemble de ces transports sont confiés à une régie sous forme d'EPIC (Établissement public industriel et commercial). C'est aussi cette structure qui gère l'ensemble du personnel. Le président de cette structure est le maire socialiste d'Aucamville.

Le jour de l'inauguration, les syndicats Sud, CGT, CFDT, FO avaient appelé à bloquer le tramway. À l'origine, il y avait eu la demande syndicale d'une prime de 300 euros pour tous à l'occasion de la mise en service de la nouvelle ligne de tram. Cette demande s'appuyait sur le fait que pour l'ouverture de la ligne B du métro, Tisséo avait versé une telle prime (plus de 200 euros) à l'ensemble du personnel. Mais cette fois-ci pour Tisséo, pas de prime générale. Il n'était question que de 300 euros pour... 300 agents qui seraient « impliqués dans le tram ». Proposition qui a été refusée par les syndicats car jugée discriminatoire. En effet, il y a 70 Wattmen (conducteurs de bus qui ont passé l'habilitation tram) et près de 30 agents de maîtrise. Qui sont les 200 autres ? Comment seront-ils jugés « impliqués » ?

Indépendamment de cette prime, les Wattmen risquent même d'y perdre sur leur paie. D'abord, ils n'ont pas eu les 86 euros d'augmentation que seuls les agents de maîtrise Tram ont perçus. Ensuite les Wattmen vont perdre la prime dite « de versement » de 30 euros par mois que touchent les conducteurs de bus. Au final, un conducteur de tram aurait une paie plus faible que lorsqu'il était conducteur de bus.

Le lundi 29 novembre les Wattmen ont donc décidé de bloquer la sortie des trams du dépôt. Depuis, pas une rame ne sort. Les Wattmen font une heure de grève par jour et se relaient pour bloquer la sortie des rames, avec l'aide de nombreux conducteurs de bus venant en dehors de leurs heures de travail pour participer au blocage du dépôt : de 4 h du matin à 21 h. Au blocage, ils sont de 20 à 50 salariés selon les heures. Ils se réchauffent tant qu'ils peuvent : feu de palettes, café.

Les syndicats réclament une augmentation de dix points sur les salaires des Wattmen, soit les 86 euros par mois qu'ont perçus les agents de maîtrise qui ont eu l'habilitation tram. Ce qui ne serait que réparer une injustice.

Cette situation révèle aussi que les dirigeants socialistes de Tisséo s'entendent à merveille pour aller dans le sens de la division du personnel. En plus de la hiérarchie traditionnelle, il y a une quantité de « métiers » et de catégories qui se traduisent par des conditions de salaires différentes : conducteurs de bus, conducteurs de tram, contrôleurs, entretien des bus, du métro, bureaux, etc., avec une multitude de petites primes qui ne sont pas intégrées au salaire. Et c'est sans parler des sociétés extérieures qui travaillent pour Tisséo : des sociétés de sécurité (Deigen, Torann), des sociétés de nettoyage (TFN, Reynerie Services) et des sous-traitants aux ateliers, (Iveco, Inéo, Bridgestone)...

Les conducteurs de tram ont raison de se battre contre l'injustice qui leur est faite. Mais il y en a une autre qui concerne l'ensemble des salariés de Tisséo, ce sont les salaires insuffisants indépendamment de son propre métier. 200 euros, il les faut pour tous !

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