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Dans les entreprises
Sanofi Aventis : Pour gaver les actionnaires, l'hémorragie d'emplois continue
Le 6 décembre, Sanofi Aventis annonçait la suppression de 575 emplois, essentiellement de visiteurs médicaux. C'est une charrette de plus dans un plan annoncé par la direction en 2008, un plan dit de restructuration, au terme duquel elle s'est promis d'économiser 2 milliards d'euros en cinq ans, au prix de quatre mille suppressions d'emplois.
Depuis 2008, en France, les coupes dans les effectifs se succèdent dans tous les secteurs de l'activité. 927 postes de visiteurs médicaux ont déjà été supprimés en 2008. L'année suivante, 1 200 postes ont sauté en recherche et développement. Quant aux usines de production, entre les fermetures de certains sites et les restructurations des autres, ce sont plus d'un millier d'emplois qui sont appelés à disparaître. Mais déjà le résultat attendu est là : les profits explosent et Sanofi Aventis est en tête des sociétés cotées à la Bourse de Paris. Si en 2008 le bénéfice déclaré s'élevait à 7,2 milliards d'euros, il atteignait 8,5 milliards en 2009, et ce sommet promet d'être dépassé pour 2010.
Le 6 décembre, pour justifier la suppression des centaines de postes de visiteurs médicaux, le directeur général de Sanofi en France déclarait : « Avant, on avait des médicaments qui traitaient des pathologies très fréquentes, prises en charge par des dizaines de milliers de médecins généralistes, pour lesquels nous avions besoin de beaucoup de visiteurs médicaux. » Et de pleurer sur la disparition des brevets sur les médicaments, et donc sur la concurrence économique des génériques. Puis, il a ajouté : « À l'avenir, on sera sur des maladies plus pointues, prises en charge par des spécialistes ou à l'hôpital, et pour lesquelles on a besoin de moins de visiteurs médicaux. » Voilà qui est clair sur la manière dont les patrons considèrent leurs « collaborateurs », tout juste comme des Kleenex !
« L'essentiel, c'est la santé », proclame le logo Sanofi Aventis. Quelle fumisterie ! En France, Sanofi pleure sur la concurrence des génériques, mais développe parallèlement ses propres laboratoires de fabrication et de distribution de médicaments génériques. Pour ceux-ci, pas besoin d'aller « visiter » les médecins : la négociation se fait directement dans les pharmacies, à coup de ristournes commerciales. Et à l'international, pour ne rien perdre de la manne offerte par les génériques, en 2009 le groupe Sanofi a racheté trois laboratoires de tels médicaments, l'un au Mexique, l'autre au Brésil et le troisième en Europe de l'Est, « pour répondre au besoin croissant en médicaments accessibles au plus grand nombre », aimerait-il faire croire...
Quant aux médicaments qui traitent les « maladies plus pointues », si Sanofi a décidé de s'y consacrer, c'est que d'une part ces maladies sont le plus souvent chroniques, et donc les médicaments qui les soignent prescrits pendant de très longues années, et que d'autre part, pour peu qu'ils soient quelque peu innovants, la législation autorise les laboratoires à fixer pratiquement le prix qu'ils décident.
Sanofi gagne par tous les bouts !