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Dans les entreprises
Renault-Sandouville (Seine-Maritime) : Menaces sur l'emploi
Une véritable douche froide à cinq semaines des fêtes de fin d'année, c'est ce qu'ont reçu les quelque 2 400 salariés de l'usine Renault de Sandouville, près du Havre.
Mercredi 17 novembre, en Comité d'entreprise extraordinaire, la direction du site a dévoilé ses prévisions d'activités pour 2011 qui tiennent en bien peu de chiffres : pour l'année à venir, la direction de l'usine du haut de gamme de la marque, qui ne produit plus que la Laguna et l'Espace après avoir stoppé l'an dernier la fabrication de la Vel Satis, table sur un volume de 53 342 véhicules, soit près de 16 000 véhicules de moins qu'initialement prévu.
Cette chute de la production, conséquence d'une mévente des véhicules haut de gamme Renault, dont les travailleurs ne sont en rien responsables, doit en revanche avoir pour la direction des effets sociaux immédiats : 70 jours de chômage sur la ligne de production de l'Espace ainsi que 61 jours sur la ligne dédiée à la Laguna. Les conséquences financières pour les travailleurs seraient catastrophiques, d'autant que l'accord conclu avec l'État garantissant que les jours chômés seraient indemnisés à 100 % (hors prime) ne court que jusqu'au 31 décembre. Et après, c'est l'inconnu.
« Du jamais vu ! », disent en colère les travailleurs, pire qu'en 2008, année noire durant laquelle l'usine avait subi une soixantaine de jours de chômage, suivi de quarante-cinq en 2009. Et si cette année il y a eu plus de travail, c'est tout simplement parce que l'effectif a fondu de plus de 1 300 salariés dans le cadre d'un plan de départs.
Aujourd'hui, Sandouville compte 2 400 salariés. Mais beaucoup se posent la question : « Combien serons-nous demain ? ». La direction centrale de Renault vient d'annoncer un plan de départs anticipés à la retraite pour 3 000 travailleurs au niveau du groupe. Mais il ne concernerait que les salariés de plus de 58 ans ayant effectué 15 ans de travail posté ou ayant une incapacité permanente de 10 % et plus.
Dans le même temps, la direction du site continue l'intensification du travail. Elle veut augmenter rapidement la cadence de production et annonce que, dès l'année prochaine, les deux chaînes de production ne feront plus qu'une, entraînant selon elle un sureffectif de 816 salariés.
Quant au véhicule utilitaire promis fin 2008 par Carlos Ghosn, président de Renault-Nissan, et par Sarkozy, afin d'apporter une nouvelle production à Sandouville, il n'arrivera qu'en 2013. s'il arrive. Mais pour les véhicules haut de gamme, la direction du groupe ne cache plus son projet de regrouper leur production sur son site de Douai.
Fin juillet, le groupe Renault a annoncé ses résultats financiers du premier semestre. Malgré les discours alarmistes de la direction début 2010, ses finances se portent très bien. Son chiffre d'affaires a augmenté de 24 % par rapport au premier semestre 2009 et le groupe annonce un bénéfice de 823 millions d'euros, alors que l'année précédente il pleurait misère auprès de l'État, ce qui lui avait permis d'obtenir 3,5 milliards.
Renault a donc de l'argent et en a même énormément gagné sur le dos des travailleurs qu'il exploite toute l'année ; travailleurs qui n'entendent pas payer de leur poche les choix de la direction.