Le musée du Louvre vient d'ouvrir une souscription publique qui devrait permettre de racheter un tableau du peintre de la Renaissance Lucas Cranach, Les Trois Grâces.

Depuis 1932 en possession d'une même famille française, le tableau classé « trésor national » est estimé à quatre millions d'euros, dont il reste à trouver un quart, soit un million d'euros, pour que le musée puisse l'acquérir et l'exposer.

Jusqu'au 31 janvier 2011, date à laquelle l'ouvre pourra être vendue à un musée plus en fonds ou à n'importe quel riche « collectionneur » qui le mettra à l'abri, le Louvre lance un appel au peuple. Son administration rappelle d'ailleurs aux futurs donateurs que 66 % de la somme versée sera déductible de leurs impôts, et même 90 % s'il s'agit d'une entreprise. En échange, les mécènes petits ou grands auront droit à des visites privées pour admirer Les Trois Grâces - ce qui peut être appréciable vu le format réduit de l'ouvre - à partir de 200 euros de don et même à une découverte en avant-première s'ils versent plus de 500 euros.

La procédure, pour peu fréquente qu'elle soit - elle avait déjà été utilisée par le Louvre pour acquérir un Georges de la Tour et n'est pas rare en Grande-Bretagne - est hautement symbolique. Dans cette société, la mise à disposition de tous d'ouvres qui font partie du patrimoine de l'humanité doit reposer sur le bon vouloir... et les gros sous de la population. Les 180 millions de l'avion présidentiel, eux, sont directement prélevés sur le budget de l'État...

D'innombrables autres ouvres d'art sont soustraites au plaisir et à la culture de tous : cachées dans les coffres-forts des spéculateurs et riches collectionneurs qui peuvent attendre tranquillement de les revendre lorsqu'un État mettra pour cela la main à la poche... de ses administrés.