Récemment, l'un des membres de la direction Michelin a visité un atelier de l'usine de Cataroux, à Clermont-Ferrand. Pour recevoir un si haut personnage, qui a pour habitude de fréquenter bien davantage les salons dorés qu'un atelier de production, la maîtrise voulait que tout soit nickel.

C'est pourquoi les travailleuses du secteur ont été transformées en femmes de ménage. Pendant deux jours, ce fut le grand nettoyage, les coups de peinture à la va-vite, et le rangement de tout ce qui traîne d'habitude. Jusqu'à des sièges, tellement usés et défoncés qu'on nous a fourni des housses toutes neuves pour les recouvrir à la hâte!

Chefs et sous-chefs en tremblaient d'avance : pourvu que le décor retrouve à temps un peu de ses couleurs! Et puis le grand homme est arrivé, traversant l'atelier au pas de course, suivi de toute sa cour. Devant un tel spectacle, personne n'a applaudi, mais chacun a pensé que ce Monsieur Propre, si sensible aux bruits et aux odeurs des produits chimiques, devrait séjourner dans cet atelier un peu plus longtemps. Comme cela, ce serait peut-être un peu plus vivable pour nous.

Mais ce minable cinéma ne saurait cacher le cynisme patronal. En effet, aussitôt après cette visite-éclair, une partie du personnel de ce secteur, qui s'occupe des noyaux, est touchée par l'arrêt de cette fabrication. Et cela sans en avoir été directement informée, sans savoir quel sort lui est réservé.

Tous demandent que leur emploi et leur salaire soient maintenus.